Hongrie : le cas d’Ahmed H., emprisonné pour dix ans, symbole de la politique sécuritaire d’Orban

08 - Mars - 2017

Hongrie : le cas d’Ahmed H., emprisonné pour dix ans, symbole de la politique sécuritaire d’Orban

Ce Syrien a condamné à dix ans de prison, pour avoir jeté trois projectiles en direction de la police lors d’une émeute et traversé illégalement la frontière.

Les chiens ne cessent d’aboyer dans la cour enneigée. A l’intérieur d’une cellule de la prison de Budapest, Ahmed H. demande à son gardien de desserrer les menottes qui lui scient les poignets. Ce quadragénaire syrien est décorateur de métier. Il jouit du statut de réfugié depuis neuf ans à Limassol, sur l’île de Chypre, où il s’est marié et a eu deux filles, âgées de 6 et 7 ans et demi.
Le 13 novembre 2016, un tribunal hongrois a fait de lui l’unique migrant jamais condamné en première instance pour terrorisme dans le pays. Il a écopé de dix ans de prison ferme pour avoir jeté trois projectiles en direction de la police, participé à une émeute et traversé illégalement la frontière, devenant le symbole d’un pays en train de se barricader.
Alors que les personnes entrées clandestinement comme lui sont déjà massivement condamnées à l’enfermement, Viktor Orban, le premier ministre souverainiste, vient de faire adopter par le Parlement, mardi 7 mars, la mise en détention systématique de tous les demandeurs d’asile entrés, eux, légalement en Hongrie dans des « zones de transit » aux frontières serbe et croate. Cette mesure avait été supprimée en 2013 sous la pression de l’Union européenne et du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Si, officiellement, cette surenchère vise à empêcher les migrants de gagner l’Allemagne ou l’Autriche une fois leur demande d’asile déposée, elle va surtout conduire à la désertion progressive des requérants. Seules 345 personnes ont osé se présenter en Hongrie depuis le 1er janvier.

Concernant Ahmed H., le tribunal semble avoir rendu son verdict en fonction de la culture de naissance et de la religion de l’accusé. Dans son jugement, il a estimé par exemple « qu’en conséquence de ses origines, [sa] socialisation s’était déroulée dans un système de normes différentes » et que donc, son comportement pouvait représenter « des caractéristiques autres que celles acceptées socialement par nous ». Il a aussi vu l’accusé comme étant un « dangereux fanatique religieux, un fidèle sincère des enseignements du Coran » parce qu’il avait « approfondi ses études » du livre sacré des musulmans et était « membre de l’organisation religieuse Tablighi Jamaat », un mouvement sunnite ayant pignon sur rue.

Autres actualités

24 - Avril - 2018

En Mauritanie, un an de prison pour avoir « traité autrui d’esclave »

Pour la première fois, trois prévenus ont été condamnés pour le « préjudice moral » subi par les personnes qu’ils ont insultées...

23 - Avril - 2018

Rue Lénine, Marinka : plongée dans la guerre sans fin du Donbass

La ligne de front entre l’armée de Kiev et les séparatistes prorusses du Donbass divise en deux la bourgade, symbole d’un conflit qui s’éternise. A...

23 - Avril - 2018

La Russie installe peu à peu sa présence dans la capitale centrafricaine

A Bangui, on parle presque autant d’eux que des rebelles qui se regroupent dans l’arrière-pays et menacent d’avancer vers la capitale centrafricaine. Ils alimentent la...

21 - Avril - 2018

La Corée du Nord suspend ses programmes nucléaire et balistique

Kim Jong-un a déclaré qu’il allait fermer un site d’essais nucléaires. Une décision aussitôt saluée par Washington et Séoul mais...

21 - Avril - 2018

Un scientifique membre du Hamas assassiné à Kuala Lumpur

Le mouvement palestinien, qui accuse souvent Israël, n’a pas désigné de responsable de l’assassinat. A Kuala Lumpur, l’agence de presse malaisienne,...