Huit anciens ministres catalans en prison
La décision de la justice espagnole pourrait provoquer un sursaut du mouvement séparatiste.
Les membres du gouvernement catalan dissous arrivent au tribunal, jeudi 2 novembre, à Madrid.
Moins d’une semaine après la déclaration d’indépendance votée le 27 octobre par le Parlement de Catalogne, la justice espagnole a ordonné, jeudi 2 novembre, le placement en détention provisoire de huit ex-ministres régionaux, dont l’ancien vice-président Oriol Junqueras, au terme de leur audition dans le cadre d’une enquête pour « rébellion, sédition et détournement de fonds publics ».
La décision judiciaire risque de changer la donne politique, en provoquant un sursaut du mouvement séparatiste catalan. Dans la soirée, les indépendantistes ont manifesté dans de nombreuses villes de la région pour demander la libération de ceux qu’ils qualifient de « prisonniers politiques ». A Barcelone, près de 20 000 personnes se sont réunies devant le Parlement catalan, selon les chiffres de la police municipale. Et de nouvelles mobilisations sont prévues, dont une grande manifestation à Barcelone, le 12 novembre.
Ces derniers jours, un certain calme semblait revenu en Catalogne. Les indépendantistes, déconcertés par le départ en Belgique de l’ex-président de la Catalogne, Carles Puigdemont, et déçus par son incapacité à rendre effective la « République catalane », se montraient atones face à l’application sans encombre ni résistance de l’article 155 de la Constitution, qui permet la mise sous tutelle des régions rebelles. Surtout, la décision du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, de convoquer des élections régionales le 21 décembre les avait pris à contre-pied. Et la frénésie des dernières semaines s’était muée en un climat de précampagne électorale presque ordinaire, qui a brusquement changé jeudi. L’emprisonnement des anciens dirigeants catalans pourrait transformer les élections régionales, censées ramener la « normalité » dans la région, en double référendum sur l’indépendance et le gouvernement de Mariano Rajoy.