Iran : Emmanuel Macron appelle à la « retenue », Jean-Yves Le Drian reporte sa visite

03 - Janvier - 2018

Marquer sa préoccupation sur les risques de répression, tout en gardant le contact avec le président Hassan Rohani et sans l’affaiblir : l’exercice n’est pas simple pour Emmanuel Macron, qui souhaite se rendre à Téhéran ces prochains mois. Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue iranien le 2 janvier dans la soirée, le chef de l’Etat l’a appelé à « la retenue » et à « l’apaisement ». L’entretien était, selon l’Elysée, prévu avant les manifestations des derniers jours.
« Les libertés fondamentales, notamment les libertés d’expression et de manifestation, doivent être respectées », a insisté le président français, qui, d’un commun accord avec son interlocuteur, a décidé de reporter la visite dans la capitale iranienne que devait effectuer le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à la fin de la semaine. La maintenir, c’était envoyer le message selon lequel la France soutenait le pouvoir en place face à la rue. D’où ce choix de décaler une nouvelle fois ce voyage, prévu à l’origine fin novembre 2017 mais renvoyé une première fois, sur fond de polémiques entre les deux capitales. Les autorités françaises avaient publiquement alors exprimé leur inquiétude sur « la tentation hégémonique » de l’Iran au Moyen-Orient, et Téhéran avait répondu en accusant Paris de « partialité » en faveur de l’Arabie saoudite.
Déclarations enflammées de Washington
Fidèle à sa stratégie de « parler à tout le monde tout en disant clairement les choses », Emmanuel Macron veut reprendre langue avec Téhéran et garder l’équilibre, à la différence de ses deux prédécesseurs, qui avaient

respectivement privilégié le Qatar, puis l’Arabie saoudite. En septembre 2017, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le président français avait déjà rencontré Hassan Rohani, juste après des entretiens avec Donald Trump. Si les autorités françaises veulent préserver l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015, menacé par l’administration américaine, elles sont conscientes de ses limites. Elles s’inquiètent du programme balistique iranien et des risques de déstabilisation régionale, entraînés par le soutien de Téhéran au régime d’Assad, au Hezbollah libanais ou aux rebelles houthistes au Yémen. Elles veulent donc ouvrir des discussions sur ces thèmes, qui sont aussi au cœur des préoccupations de l’administration américaine et d’Israël, tout en continuant la normalisation avec Téhéran. C’est le sens de la visite que veut effectuer Emmanuel Macron dans la capitale iranienne, la première d’un chef d’Etat ou de gouvernement d’un grand pays occidental depuis la révolution islamique en 1979.
La montée de la contestation et les risques d’une répression très dure compliquent beaucoup la donne. Les Européens, notamment la chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini, qui avait parrainé l’accord sur le nucléaire de 2015, restent aussi très prudents dans leur réaction, espérant que « le droit à la manifestation pacifique et la liberté d’expression seront garantis, à la suite des déclarations publiques du président Rohani ». Mais l’administration américaine continue de multiplier les déclarations enflammées de soutien à la contestation. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a annoncé que les Etats-Unis vont demander une réunion d’urgence du Conseil de sécurité tout en saluant le « courage » des manifestants et récusant toute accusation d’ingérence.

Autres actualités

10 - Octobre - 2019

Attentat de Halle : un « manifeste » qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses

Trois documents attribués à l’auteur de l’attentat de Halle, dont un « manifeste », ont commencé à circuler en ligne, quelques heures...

09 - Octobre - 2019

En Italie, le M5S impose la réduction du nombre de parlementaires

Le ministre des affaires étrangères italien, Luigi di Maio, déchire une banderole représentant des fauteuils vides symbolisant le nombre excessif de parlementaires, le...

09 - Octobre - 2019

Présidentielle tunisienne : « Aucun juge ne s’est plaint d’ingérence politique »

La Tunisie doit élire, dimanche 13 octobre, son président pour la deuxième fois après la révolution de 2011. Le second tour doit opposer un candidat en prison,...

08 - Octobre - 2019

Donald Trump crée une nouvelle fois la confusion sur la Syrie

Ordre, contre-ordre ? Washington a oscillé au gré des déclarations de Donald Trump et de ses conseillers à propos de la Syrie, lundi 7 octobre. Le président des...

08 - Octobre - 2019

Brexit : le président du Conseil européen accuse Boris Johnson de jouer avec « l’avenir de l’Europe et du Royaume-Uni »

La perspective de la signature d’un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne semble s’éloigner de nouveau. Mardi 8 octobre, le président du Conseil...