Joseph Kabila, roi du silence et du Congo-Kinshasa
Joseph Kabila, roi du silence et du Congo-Kinshasa
Catapulté en 2001 à la tête de la République démocratique du Congo à l’âge de 29 ans, le président a su consolider son pouvoir, quitte, comme ces derniers jours, à réprimer violemment toute opposition
Résister, ne rien lâcher. Depuis son irruption dans l’arène politique congolaise, Joseph Kabila a démontré un art consommé de la survie en milieu hostile. En toute discrétion. Sa dernière apparition publique remonte au 15 novembre. De sa voix monocorde, il avait dressé, devant le Parlement, un bilan de ses quinze années au pouvoir, sans évoquer son avenir, et fustigé ses opposants qu’il accusait de « miser sur la mort de Congolais ». Puis, il est redevenu silencieux, préparant le 19 décembre, date de la fin de son deuxième et – théoriquement – dernier mandat, afin que ce jour ne soit pas son dernier à la tête de la République démocratique du Congo (RDC). L’homme reste un mystère pour son peuple comme pour ses collaborateurs. « Il écoute et acquiesce, mais on ne sait pas ce qu’il pense ni ce qu’il décidera, et lui seul décide, dit l’un de ses conseillers. Il est resté un soldat dans l’âme. »
Né le 4 juin 1971 au nord du Katanga, élevé dans la clandestinité en Tanzanie, il grandit sous une autre identité pendant que son père, Laurent-Désiré Kabila, fomente la révolution depuis un maquis de l’est du pays. Le Rwanda, avec l’appui de Washington, leur permettra finalement, en 1997, de renverser Mobutu Sese Seko, malade et abandonné par ses parrains. Quatre ans plus tard, Laurent-Désiré Kabila, qui a rompu avec ceux qui l’ont fait roi, sera assassiné par l’un de ses gardes du corps pour un mobile inconnu.