L’EI appelle les Ouïgours à frapper la Chine

02 - Mars - 2017

L’EI appelle les Ouïgours à frapper la Chine

Le groupe terroriste veut exploiter le ressentiment que nourrissent les musulmans de la région du Xinjiang, victimes de la répression.

Ce sont deux mises en scène. D’un côté une vidéo de l’organisation Etat islamique (EI) qui montre des combattants ouïgours, dont des enfants, s’entraîner et prêts à « verser des rivières de sang en Chine ». De l’autre, un déploiement de force spectaculaire dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, en Chine, aux confins de l’Asie centrale : des régiments de policiers au garde-à-vous, des blindés et des hélicoptères parés pour de nouvelles opérations antiterroristes relayées à foison par les médias officiels chinois.
Le Xinjiang est en proie à des cycles réguliers de violence. Turcophones et musulmans sunnites, les dix millions de Ouïgours y sont majoritaires, mais vivent mal l’autonomie de façade que leur accorde l’Etat-Parti chinois, ainsi que l’afflux de migrants Han, l’ethnie majoritaire en Chine, et les campagnes contre la pratique religieuse (port du voile et respect du ramadan, construction de mosquées).
Cette guerre des images rappelle que la Chine est exposée au djihadisme global. Censurée, la vidéo de l’EI n’a quasiment pas eu d’écho auprès du grand public en Chine. Ce n’est pas non plus la première du genre, mais son apparition le 27 février est survenue à quelques jours de l’ouverture de la session parlementaire chinoise, le plus important rendez-vous politique de l’année avant le 19e congrès du Parti communiste, en octobre.
Concurrence d’Al-Qaida
Le film de l’EI met en scène des combattants ouïgours de la « wilaya » (province) de l’Euphrate et un camp d’entraînement pour enfants – dont l’un assassine un prisonnier. Plusieurs centaines de combattants ouïgours auraient rejoint les rangs de l’EI, selon des sources sécuritaires irakiennes. Ce nouvel appel de l’EI confirme la volonté de l’organisation djihadiste d’attirer de plus en plus de Ouïgours. Et surtout de concurrencer son grand rival, Al-Qaida, auquel sont affiliés les combattants ouïgours du Parti islamique du Turkestan (TIP). Organisation historique, le TIP est qualifié d’« apostat » par l’EI dans la vidéo. Pour Jacob Zenn, spécialiste du djihadisme à la fondation Jamestown, un institut de recherche basé à Washington, l’EI suscite un intérêt croissant chez une partie des combattants du TIP en manque d’action en Chine.
La division syrienne du TIP compterait plus d’un millier de combattants installés dans la province d’Idlib, une province rebelle du nord-ouest du pays contrôlée depuis 2015 par une myriade de brigades djihadistes.

Autres actualités

20 - Décembre - 2017

Passe d’armes diplomatique entre Macron et Assad

Paris s’offusque des accusations de soutien au terrorisme lancées par le dictateur syrien. Bachar Al-Assad, le 18 décembre à Damas, sur une photo publiée par...

20 - Décembre - 2017

Réforme fiscale de Trump : une victoire précieuse pour un président impopulaire

Après son échec à supprimer la protection sociale héritée de Barack Obama, le Parti républicain avait un besoin impérieux de résultat....

19 - Décembre - 2017

Pékin et Moscou répliquent vigoureusement à la stratégie de sécurité des Etats-Unis

La Chine et la Russie dénoncent « l’impérialisme » et « la mentalité de guerre froide » de Washington après la publication d’un...

19 - Décembre - 2017

Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa, l’homme qui doit sauver l’ANC

L’ancien dauphin de Nelson Mandela a été élu président du parti qui dirige le pays depuis la fin de l’apartheid. Ils ont chanté, dansé,...

16 - Décembre - 2017

En Libye, les premières embûches du plan de Ghassan Salamé

Six mois après sa nomination, le chef de la mission des Nations unies pour la Libye peine à obtenir la révision de l’accord de Skhirat. « Je vais...