L’Inde et le Pakistan rejoignent l’Organisation de coopération de Shanghaï
L’Inde et le Pakistan rejoignent l’Organisation de coopération de Shanghaï
Les deux pays, qui se disputent le Cachemire, veulent s’ancrer sur le continent eurasiatique.
L’Inde et le Pakistan sont officiellement devenus vendredi 9 juin, à Astana, au Kazakhstan, membres de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), portant à huit le nombre de pays adhérents à cette structure interétatique essentiellement consacrée aux questions de sécurité et de lutte antiterroriste et dominée par la Chine et la Russie. Les autres pays membres sont le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan.
Créé en 1996 sous le nom de « Groupe de Shanghaï » pour gérer la transition des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, devenu l’OCS en 2001 avec, pour ambition, de « promouvoir la paix, la stabilité et la coopération régionale entre ses pays membres », le groupement voit pour la première fois son centre de gravité géopolitique se déplacer de manière substantielle en s’ouvrant aux deux frères ennemis d’Asie du Sud. Grande rivale de la Chine, l’Inde est traditionnellement plus proche de Moscou, tandis que le Pakistan est le plus proche allié de Pékin.
« 40 % de l’humanité »
Davantage poussé par une Russie soucieuse de contrebalancer l’ascendant grandissant de la Chine sur l’Asie centrale, l’élargissement aux deux puissances d’Asie du Sud est désormais vu par Pékin comme un moyen de renforcer les synergies régionales autour d’OBOR (One Belt, One Road, « une ceinture, une route »), son ambitieux projet des « nouvelles routes de la soie », dont l’Inde a ostensiblement boudé le sommet organisé en mai à Pékin. « Pékin a d’abord été réticent à cet élargissement, mais la Chine est désormais devenue tellement plus puissante qu’elle y voit moins d’inconvénients. Il y a aussi des considérations stratégiques : mettre l’Inde et le Pakistan ensemble permet de les forcer à collaborer sur la sécurité et l’économie », estime Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste à Hongkong.
Le sommet d’Astana a ainsi donné lieu à un échange informel entre Narendra Modi, le premier ministre indien.