L’Iran ébranlé par l’attentat meurtrier d’Ahvaz
Téhéran s’en prend aux Etats-Unis et à leurs alliés régionaux après l’attaque de samedi, dont l’origine est incertaine.
L’Iran observait, lundi 24 septembre, une journée de deuil national. A Ahvaz (sud-ouest), deux jours après l’attaque terroriste qui a frappé un défilé militaire, les habitants se sont réunis devant la mosquée Sarallah, au petit matin, pour rendre un dernier hommage aux vingt-quatre victimes. Ces morts forment un portrait assez large et représentatif de la société iranienne : on dénombre parmi eux des membres des gardiens de la révolution, la principale force militaire du pays, des bassidji, l’appareil milicien qui leur est lié, en partie composé de volontaires, des vétérans de la guerre Iran-Irak (1980-1988), de jeunes conscrits, effectuant leur service militaire obligatoire dans la région, ainsi qu’un enfant de 4 ans, Taha Eghdami.
Le 22 septembre, tôt le matin, quatre assaillants, vêtus d’uniformes militaires, avaient ouvert le feu sur le défilé, à Ahvaz, un événement de propagande populaire, qui tient de la kermesse. Pendant dix minutes, sous les rafales de tirs, soldats, femmes et enfants se sont jetés à terre et ont trouvé refuge dans les canaux d’écoulement des eaux. Des images de militaires portant secours à des civils – ils défilaient armés, mais chargeurs vides –, ont largement circulé en Iran. Peu après l’attaque, les gardiens ont mis en cause un groupe séparatiste arabo-sunnite nommé « Al-Ahwaz », « financé par l’Arabie saoudite », le grand rival régional sunnite de l’Iran chiite.
Dans l’après-midi, un porte-parole du groupe, le Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz (FPDAA), a revendiqué l’attaque sur les chaînes persanophones à Londres, l’antenne de la BBC en persan et Iran International, liée à Riyad, tout en affirmant qu’aucun civil n’avait été visé. Dimanche, le groupe s’est cependant rétracté, en mettant en cause une faction dissidente. Téhéran a convoqué les ambassadeurs du Royaume-Uni, du Danemark et des Pays-Bas, pays où résident des représentants en exil du FPDAA.