L’Union européenne s’engage dans une coopération militaire renforcée

13 - Novembre - 2017

Vingt-trois pays de l’UE ont signé lundi un document jetant les bases d’une « coopération structurée permanente », qui prévoit notamment des projets de développement de matériel militaire communs.
Les ministres des affaires étrangères et de la défense européens entourent la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à Bruxelles, le 13 novembre.
Vingt-trois pays de l’Union européenne (UE) ont pris acte, lundi 13 novembre à Bruxelles, de leur intention de s’engager dans une coopération militaire renforcée, dans le développement d’armements ainsi que dans les opérations extérieures, avec pour ambition affichée de relancer l’Europe de la défense.
« Nous vivons un moment historique pour la défense européenne », a commenté la diplomate en chef de l’Union, Federica Mogherini, à l’issue de la signature par les ministres de 23 Etats membres de l’UE d’un document où sont listés 20 engagements jetant les bases de leur « coopération structurée permanente » (CSP). Mme Mogherini estime que ce nouvel outil va « permettre de développer davantage nos capacités militaires pour renforcer notre autonomie stratégique ».

Des projets de développement de matériel
Cette coopération devrait prendre, dans un premier temps, la forme de projets de développement de matériel, tel que des chars, des drones ou des avions de transport militaire, mais aussi d’un hôpital de campagne européen. L’idée, à terme, est qu’un quartier général opérationnel pour les unités de combat, ou une plate-forme logistique d’opérations pour l’UE, puisse être mis en place.
Plus de 50 projets ont été déposés, a précisé Mme Mogherini, qui espère que la CSP permettra des « économies d’échelle » pour l’industrie de la défense européenne aujourd’hui trop fragmentée par rapport à la concurrence américaine.
Cette initiative est une « réponse au développement des attentats » à l’automne 2015, mais également « à la crise en Crimée », a souligné le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, en arrivant à Bruxelles.
Soixante ans de débats infructueux
Par ailleurs les pays qui rejoignent la CSP s’engagent à « augmenter régulièrement leurs budgets de défense », engagement qui sera « juridiquement contraignant ». Les Européens n’ont jamais réussi à avancer dans ce domaine, la plupart des pays gardant jalousement la main sur ce qui, à leurs yeux, relevait strictement de la souveraineté nationale. Une situation qui a largement évolué depuis 2014, avec notamment l’annexion de la Crimée par la Russie, le conflit ukrainien, le Brexit et l’élection de Donald Trump.
« Il était important pour nous, particulièrement après l’élection du président américain, que nous puissions nous organiser indépendamment, en tant qu’Européens. Ceci est complémentaire à l’OTAN, mais nous voyons que personne ne va résoudre à notre place les problèmes de sécurité que l’Europe a dans son voisinage. Nous devons le faire nous-mêmes », a insisté la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen.
Influence de l’Allemagne
Pour la plupart des diplomates et experts, la vision française de la CSP, exigeante car tournée vers la participation à des missions potentiellement risquées, a été supplantée par la vision allemande, surtout soucieuse de faire participer le plus grand nombre de pays.
Lire aussi : Berlin veut faire avancer l’Europe de la défense
Alors que la sélection des projets se fera à l’unanimité, cette orientation fait dire à Frédéric Mauro, expert des questions de défense régulièrement interrogé par le Parlement européen, que la coopération « n’a aucune chance de marcher ».
Le Royaume-Uni, qui s’est toujours farouchement opposé à toute « armée européenne », est aujourd’hui exclu de la CSP. Avec le Brexit prévu en mars 2019, Londres n’a pas voulu faire obstacle à cette initiative, qualifiée d’« idée prometteuse » par son ministre des affaires étrangères, Boris Johnson.
L’UE veut aussi se doter prochainement d’un fonds pour stimuler l’industrie européenne de la défense, qui sera à terme doté de 5,5 milliards d’euros par an. Elle a aussi créé au printemps son premier quartier général militaire, qui pilote trois opérations non combattantes en Afrique.
L’Irlande, le Portugal et Malte n’ont pas rejoint à ce stade la CSP, qui sera officiellement lancée en décembre.

Autres actualités

11 - Janvier - 2018

La colère des Iraniens profite au président Rohani

Face à des conservateurs affaiblis, le chef d’Etat modéré se targue d’avoir endigué la contestation qui a touché l’Iran jusqu’au 5...

11 - Janvier - 2018

La Tunisie à l’épreuve des tisons de la discorde

Le pays a la gueule de bois. Ses gouvernants sont éméchés par le pouvoir et son peuple est enivré par des effluves démocratiques insaisissables, analyse la...

10 - Janvier - 2018

Macron en Chine : Pékin commande 184 Airbus A320

La Chine a passé commande de 184 Airbus A320 destinés à treize compagnies aériennes, a annoncé la présidence française, mercredi 10 janvier,...

10 - Janvier - 2018

Coulées de boue mortelles en Californie

Les secours ont eu recours à des chiens pour chercher les victimes ensevelies dans cette zone qui avait déjà été ravagée par les incendies en fin...

09 - Janvier - 2018

Entre les deux Corées, un début de détente

Pyongyang multiplie les gestes d’apaisement et veut participer aux Jeux Olympiques d’hiver, en février, en Corée du Sud. Le représentant de la Corée...