La Cour suprême polonaise entre en résistance

05 - Juillet - 2018

Le gouvernement conservateur fait face à une fronde des magistrats, incarnée par la première présidente de la plus haute instance judiciaire du pays, Malgorzata Gersdorf.

Varsovie, mercredi 4 juillet, 8 heures du matin. Une foule dense de plusieurs milliers de personnes est venue encercler l’entrée de la Cour suprême polonaise. Les représentants des syndicats de juges, d’avocats, de magistrats se trouvent aux premières loges, ainsi que des personnalités comme Andrzej Rzeplinski, ancien président du Tribunal constitutionnel et ennemi public numéro un pour le pouvoir ultraconservateur, lors de sa première tentative de prise de contrôle du pouvoir judiciaire, fin 2015.
Tout le monde attend celle qui est devenue, malgré elle, le dernier symbole de la justice indépendante en Pologne : Malgorzata Gersdorf, première présidente de la Cour suprême. En vertu d’une loi entrée en application la veille, qui abaisse l’âge de départ à la retraite des juges, Mme Gersdorf, ainsi que près de 40 % des juges de l’institution, sont démis de leurs fonctions. Mais la durée du mandat de la magistrate est inscrite noir sur blanc dans la Constitution et doit prendre fin en avril 2020. Elle a donc déclaré qu’elle se rendrait au travail comme à son habitude.

Elle arrive sous un tonnerre d’applaudissements. La foule est électrisée. Derrière des roulements de tambour, la tension est palpable. On déploie un drapeau polonais d’une dizaine de mètres de large. Les citoyens rassemblés crient « merci » aux juges, pour leur persévérance. « Nous sommes avec vous », « les juges sont inamovibles et les tribunaux sont libres », « Bruxelles, Varsovie, même combat », « liberté, égalité, Constitution », scande la foule. Solennellement et de vive voix, on chante l’hymne national.

« Chaos juridique »
Quelques heures plus tard, après une réunion du collège des juges, Mme Gersdorf fait une déclaration : « La fonction de premier président de la Cour suprême a sa durée définie par la Constitution. Cette durée n’est pas discutable et non soumise à des changements législatifs. Dans ce cas, nous appliquons directement la Constitution. » Le juge Jozef Iwulski, qui a été désigné comme remplaçant de la première présidente en son absence, confirme : « Mme Gersdorf est et restera à son poste. » Par ces deux déclarations, l’institution entre officiellement en résistance face à la majorité ultraconservatrice.
« Le fait que Mme la présidente soit rentrée aujourd’hui dans la Cour signifie que la Constitution est toujours en vigueur, se réjouit Krystian Markiewicz, président de l’Association des juges polonais Iustitia. La Constitution dit que son mandat dure six ans, et ni le président ni une loi votée sans majorité constitutionnelle ne peuvent rien y faire. »

Autres actualités

07 - Août - 2016

Migrants : l’Union européenne craint la fin de l’accord avec la Turquie

L’accord entre Bruxelles et Ankara sur les réfugiés est menacé depuis le coup d’Etat manqué en Turquie le 15 juillet, qui a entraîné une...

06 - Août - 2016

Terrorisme : Duel de chefs à la tête de Boko Haram

En deux jours, deux jihadistes nigérians ont revendiqué le leadership de l'organisation islamiste. Une joute médiatique révélatrice des dissensions qui...

06 - Août - 2016

Au moins 13 morts dans un incendie dans un bar de Rouen

Un incendie dans un bar de Rouen, dans l'ouest de la France, a fait au moins 13 morts et six blessés dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le ministre français...

05 - Août - 2016

Les accusations de Trump "ridicules", selon Obama

Le président Barack Obama a jugé jeudi "ridicules" les accusations du candidat républicain Donald Trump, qui a affirmé à ses supporters que le résultat...

08 - Juillet - 2016

Fusillade à Dallas : cinq policiers tués, trois suspects en garde à vue

Cinq policiers ont été tués et six autres blessés par des tireurs isolés jeudi à Dallas (Texas, Etats-Unis) pendant un rassemblement de protestation...