">

La CPI renonce à enquêter sur les crimes de guerre en Afghanistan

13 - Avril - 2019

Enquêter sur les crimes en Afghanistan ne serait pas dans « l’intérêt de la justice », ont estimé, vendredi 12 avril, les juges de la Cour pénale internationale (CPI). En novembre 2017, la procureure avait demandé leur aval pour enquêter sur les crimes commis par les talibans et leurs ­alliés, mais aussi sur ceux des services sécuritaires afghans, des forces américaines et internationales, l’Agence centrale de renseignement (CIA) américaine et l’organisation Etat islamique. Les juges ont rejeté, en bloc, l’intégralité des demandes, au nom de « l’intérêt de la justice », un concept qui, selon le chercheur canadien Mark Kersten, « aide à justifier une décision politique dans des formes légales ».

Les juges reconnaissent la compétence de la Cour sur les crimes et admettent leur gravité, mais ils affirment qu’aucune des parties visées par la procureure n’est prête à coopérer, ni Kaboul, ni les talibans, ni les Etats-Unis. « Une décision inacceptable et honteuse », a regretté la Fédération internationale des droits de l’homme. « Un coup dévastateur pour les victimes », a dénoncé, pour sa part, Human Rights Watch.

Selon les juges, l’enquête, vouée à l’échec, n’aurait pas permis de répondre « aux attentes des victimes ». Les magistrats avaient ­sollicité leur opinion et reçu près de 800 réponses, au nom de ­plusieurs millions d’entre elles, approuvant, malgré les risques encourus, une enquête de la ­procureure. En vain.

« Les Etats-Unis se conduisent comme une puissance impériale. C’est la tragédie de la justice internationale, qui reste celle du plus fort, des vainqueurs »

Les juges ont également rejeté la demande portant sur les prisons secrètes de la CIA, où des Afghans avaient été torturés, en Pologne, en Roumanie ou en Lituanie. « Les Etats-Unis se conduisent comme une puissance impériale, note le sénateur suisse Dick Marty, qui avait enquêté pour le Conseil européen sur les prisons secrètes de la CIA. C’est la tragédie de la justice internationale, qui reste celle du plus fort, des vainqueurs. »

Car, ironie de l’histoire, la Cour aura, sans le vouloir, donné raison aux défenseurs de la torture. Depuis des années, les Etats-Unis tentent, discrètement, d’empêcher la CPI d’aller sur le terrain afghan. En septembre 2018, leur offensive est même devenue publique. Donald Trump et John Bolton, son conseiller à la sécurité nationale, menaçaient la juridiction. Mi-avril, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, annonçait la révocation du visa américain de la procureure Fatou Bensouda, premier acte d’un train de sanctions annoncées.

Autres actualités

06 - Juin - 2017

Accusée d’impuissance dans la lutte antiterroriste, Theresa May sur la défensive avant les législatives

L’opposition travailliste ne s’est pas privée de rappeler à la première ministre britannique les coupes effectuées dans la police quand elle était...

06 - Juin - 2017

L’Union européenne annonce une aide de 50 millions d’euros pour créer une force conjointe du G5 Sahel

La chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, a annoncé, lundi 5 juin à Bamako, une aide de 50 millions d’euros pour permettre aux pays...

02 - Juin - 2017

Quand « l’Amérique d’abord » devient l’Amérique isolée

Ala veille de la décision historique de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique, deux de ses conseillers, Gary Cohn et H.R....

02 - Juin - 2017

L’Inde est déjà engagée dans la transition énergétique

Le pays, l’un des plus touchés par le réchauffement climatique, défend l’accord de Paris mais ne compte pas combler le vide laissé par le retrait des...

01 - Juin - 2017

Accord de Paris sur le climat : Trump à l’heure du choix

Un long suspense devait s’achever à Washington, jeudi 1er juin dans l’après-midi. La veille, Donald Trump a annoncé sur son compte Twitter qu’il allait...