">

La crise anglophone au Cameroun devant le Conseil de sécurité

13 - Mai - 2019

La consultation est informelle et ne donnera lieu à aucune résolution, communiqué ou déclaration officielle. Cependant, pour la première fois depuis son éclatement en octobre 2016, la crise qui sévit dans régions anglophones du Cameroun sort de son huis clos domestique pour être abordée dans une enceinte internationale.

L’initiative de la réunion sur « la crise humanitaire au Cameroun », qui doit se tenir lundi 13 mai devant le Conseil de sécurité des Nations unies, a été portée par les Etats-Unis avec l’appui du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la République dominicaine. Comme Paris, Washington est un allié stratégique de Yaoundé, notamment dans la lutte contre les djihadistes de Boko Haram, mais, depuis près d’un an, la diplomatie américaine exprime à voix haute son inquiétude sur le conflit qui prévaut entre des groupes sécessionnistes et les autorités camerounaises dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

En avril, Tibor Nagy, le « M. Afrique » de Donald Trump, a réitéré sa préoccupation pour « la guerre civile qui se déroule dans les faits » dans les parties occidentales du Cameroun, « où, fondamentalement, les anglophones se battent pour leurs droits (…) et où, malheureusement, le gouvernement n’a pas répondu d’une manière qui apaise les peurs des Camerounais ». Un mois plus tôt, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines avait été fraîchement accueilli à Yaoundé après avoir demandé la libération de l’opposant Maurice Kamto, arrivé second de la présidentielle d’octobre 2018 et emprisonné avec des centaines de ses partisans depuis fin janvier, et appelé à « un dialogue ouvert à tous » pour régler la crise anglophone.
Discrétion

Du côté du Palais d’Etoudi, où Paul Biya préside depuis trente-six ans aux destinées de son pays en se reposant sur de forts appuis étrangers tout en martelant une rhétorique nationaliste, cette volonté d’internationaliser la solution au conflit suscite une franche réprobation et quelques commentaires acerbes. « La situation au Sud-Ouest et au Nord-Ouest ne menace en rien la paix et la sécurité internationale. Il y a des gens qui s’ennuient, dont la mission est de distiller le pessimisme et l’anxiété à haute dose dès qu’il s’agit de l’Afrique », juge un très proche du chef de l’Etat. Selon cette source, le Cameroun est encore loin d’être isolé diplomatiquement. « Tous les pays d’Afrique et d’Asie trouvent assez curieuse la manière dont un certain pays veut amener cette affaire devant le Conseil de sécurité », dit-il. De bonne source, « l’Afrique du Sud a bataillé ferme contre la tenue de cette réunion ».

Le pouvoir camerounais trouve ses appuis parmi ses pairs africains, dont l’Union africaine, qui estiment que la crise et son règlement relèvent des affaires internes du Cameroun et qu’une diplomatie discrète vaut mieux que des dénonciations publiques ou des négociations sous supervision internationale. Alors que la relation s’est en apparence dégradée avec Washington – mais aussi avec l’Union européenne depuis que sa cheffe de la diplomatie, Federica Mogherini, a exprimé des griefs semblables à ceux de M. Nagy et que le Parlement européen a voté le 16 avril une résolution déplorant notamment « la violence et la discrimination à l’encontre de la communauté anglophone » –, Yaoundé et Moscou ont échangé quelques signaux amicaux.

Autres actualités

21 - Juillet - 2018

Dernier acte de la prise en main du pouvoir judiciaire en Pologne

Une loi a été votée pour accélérer les nominations à la Cour suprême. Pour Varsovie, l’objectif est de prendre la Commission...

20 - Juillet - 2018

Italie : le ministre Matteo Salvini porte plainte contre l’écrivain Roberto Saviano

Le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, chef de file de la formation d’extrême droite La Ligue, a annoncé jeudi 19 juillet au soir avoir porté...

20 - Juillet - 2018

Joseph Kabila entretient le flou sur son avenir politique en RDC

A cinq mois de la présidentielle, l’ONU et l’UA appellent à « un transfert démocratique du pouvoir » en accord avec la Constitution congolaise....

19 - Juillet - 2018

Comment Nétanyahou cultive ses relations d’intérêts avec l’Europe orientale

La visite du premier ministre hongrois, Viktor Orban, illustre la proximité qu’entretient l’Etat hébreu avec des membres de l’Union européenne acquis...

19 - Juillet - 2018

Amende Google : « C’est bien une décision politique, qui sert des objectifs politiques »

Dans cette affaire, le montant de l’amende et sa médiatisation reposent une nouvelle fois la question de la frontière ténue entre la politique et le droit. Et...