La guerre de la désinformation fait rage dans le Golfe

06 - Juin - 2020

Quel est le point commun entre le joueur de baseball américain Joey Krehbiel, le skieur norvégien Kjetil Jansrud et le journaliste sud-africain Siyabonga Sesant ? Leurs comptes Twitter ont été piratés ces dernières semaines par des internautes prosaoudiens, qui s’en sont servis pour diffuser des éléments de propagande, favorables au royaume et hostiles au Qatar, notamment des affirmations mensongères sur un coup d’Etat à Doha.

Trois ans après le début de l’embargo décrété par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn contre la principauté gazière – un événement dont l’anniversaire tombe vendredi 5 juin 2020 – la guerre électronique entre les deux camps fait plus que jamais rage. Sur les réseaux sociaux, une armada de « bots » (comptes automatisés), d’influenceurs plus ou moins stipendiés et de figures médiatiques acquises au camp pro-Riyad ne cessent d’alimenter le moulin des « fake news » (fausses informations) anti-Qatar.

Le pseudo-putsch de Doha est emblématique de ce regain de désinformation. Introduite sur Twitter le 4 mai, cette allégation a été colportée, durant les jours suivants, par des dizaines de milliers de comptes, souvent liés à l’Arabie et aux Emirats. Parmi les prétendues « preuves », apportées par ces messages figurait la vidéo d’une explosion, présentée comme survenue à Doha mais en réalité tournée en Chine, en 2015. Une autre vidéo donnant à entendre des crépitements dans la capitale qatarie, s’est avérée avoir été filmée pendant un feu d’artifice et non pendant une supposée fusillade…
« Campagne de déstabilisation délibérée »

La crise du coronavirus a aussi donné lieu à une avalanche de rumeurs anti-Qatar. Au mois de mars, le petit émirat a été accusé sur Twitter, là encore sans le moindre élément de preuve, d’avoir financé la propagation de l’épidémie, pour nuire à Vision 2030, le plan de réformes du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman.

Il y a quelques jours, une bande audio sur laquelle l’ancien président américain Barack Obama est désigné sous le terme d’« esclave », attribuée à l’ancien émir qatari Hamad Ben Khalifa Al Thani a été publiée sur Internet. Cet enregistrement, dont l’authenticité n’est pas prouvée, a d’autant plus fait parler qu’il est tombé en pleine affaire George Floyd – du nom de cet Afro-Américain asphyxié par un membre des forces de l’ordre à Minneapolis, aux Etats-Unis.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi « MBZ », le véritable homme fort du Golfe

Selon l’universitaire Marc Owen Jones, un spécialiste des médias sociaux, qui enseigne au Qatar, cette ébullition électronique n’a rien de spontané. « On a affaire à une campagne de déstabilisation délibérée de Doha, estime-t-il. Diffuser de fausses informations est interdit en Arabie saoudite et aux Emirats. Le fait que d’éminents journalistes puissent s’y livrer sans conséquences judiciaires suggère que tout cela est orchestré en haut lieu. »

Autres actualités

25 - Juin - 2019

En Algérie, un durcissement pour les délits d’opinion

Du délit d’opinion au délit de drapeau, un nouveau pas, inédit, a été franchi par la justice algérienne. Au moins 17 manifestants,...

24 - Juin - 2019

Mahmoud Abbas rejette tout plan économique américain sans solution politique

Psalmodie désespérée ou boussole ? Mahmoud Abbas a évoqué le droit international à de multiples reprises, dimanche 23 juin, au cours d’un exercice...

22 - Juin - 2019

Une scène de ménage perturbe la marche de Boris Johnson vers Downing Street

Ce ne devait être qu’une formalité. Mais la marche supposée irrésistible de Boris Johnson vers la direction du Parti conservateur et, partant, du Royaume-Uni, est...

22 - Juin - 2019

L’Iran met en garde les Etats-Unis sur les conséquences en cas d’attaque

Les tensions restent fortes entre l’Iran et les Etats-Unis. L’armée iranienne a averti Washington samedi 22 juin que la moindre attaque contre son territoire aurait, selon...

21 - Juin - 2019

Un secrétaire d’Etat britannique dans la tourmente

En pleine guerre de succession à Theresa May, le Parti conservateur n’avait pas besoin de cette vidéo déjà vue des centaines de milliers de fois. Alors...