La guerre sans fin du Haut-Karabakh

26 - Avril - 2018

Autoproclamé indépendant à la chute de l’Union soviétique, en 1991, cette province arménienne rattachée à l’Azerbaïdjan est au centre d’un conflit régional. Le photographe Emanuele Amighetti a exploré l’ultramilitarisation de la société.

Un défilé nocturne de commémoration du génocide arménien de 1915. 
La plaisanterie veut que l’armée du Haut-Karabakh compte 150 000 soldats… soit la totalité de la population de cet Etat non reconnu, grand comme un département français. Les effectifs seraient en fait plus proche de 25 000, mais le bon mot cache une réalité : suspendue à ses montagnes, l’enclave sécessionniste de l’Azerbaïdjan fait figure de Sparte du Caucase, un territoire farouchement attaché à son existence et plongé dans un état de guerre permanent.
Pour comprendre cette histoire complexe et tourmentée, il faut remonter dans le temps. Province peuplée en majorité d’Arméniens, rattachée à l’Azerbaïdjan en 1921 par Staline, le Haut-Karabakh est le théâtre d’affrontements ethniques à partir de 1988, voilà trente ans. En 1991, à la chute de l’Union soviétique, il proclame son indépendance, entraînant un conflit armé régional. Un fragile cessez-le-feu est signé en 1994 après une débâcle militaire de l’Azerbaïdjan – plus de 30 000 morts de part et d’autre – et l’expulsion des Azéris. Dans l’affaire, le pays a perdu 13 % de son territoire.

Cette « indépendance » chèrement acquise n’est reconnue que par une poignée d’Etats fantoches : Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, a pour elle le droit international et le principe d’intangibilité des frontières. Même l’Arménie, qui soutient militairement son voisin, ne se risque pas à reconnaître son indépendance. Depuis, pour oublié qu’il soit, le conflit du Haut-Karabakh est tout sauf gelé. Les flambées de violences y sont régulières, la dernière en date remontant à avril 2016. Bilan : 100 morts.
Un service militaire de deux ans
La cause du Karabakh revêt un statut quasi mythique pour l’Arménie et sa diaspora. Depuis le traumatisme du génocide de 1915, cette victoire sur une armée plus nombreuse et mieux équipée a fait de cette région montagneuse un symbole de la renaissance de tout un peuple, une cause sacrée. Le Haut-Karabakh se rêve en Etat, avec institutions, drapeau, représentations diplomatiques à l’étranger et même un aéroport – inutilisé à cause de la menace azerbaïdjanaise d’abattre tout avion qui oserait s’y aventurer.
Mais l’aspect le plus saillant de cette situation est l’ultramilitarisation de la société karabakhtsie. Le service militaire y dure deux ans, et les hommes sont mobilisables jusqu’à l’âge de 45 ans. A l’école, l’héritage soviétique ayant été remis au goût du jour, les enfants commencent une formation au combat dès 14 ans. La classe politique est uniquement composée de militaires, en exercice ou retraités, et la fierté des faits d’armes passés irrigue l’ensemble des esprits, quitte à passer sous silence les épisodes moins glorieux, comme l’expulsion des Azéris de la région.

Autres actualités

04 - Janvier - 2018

Washington et Séoul renégocient leur accord de libre-échange Korus

Le président américain Donald Trump voulait sortir de cet accord avec la Corée du Sud entré en vigueur en 2012. Pressé par les milieux d’affaires et son...

04 - Janvier - 2018

L’Afrique de l’Ouest courtisée par le Qatar et ses rivaux du Golfe

La lutte d’influence entre Doha, Riyad et Abou Dhabi s’est intensifiée avec le soutien financier de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis au G5 Sahel. Le...

03 - Janvier - 2018

Iran : Emmanuel Macron appelle à la « retenue », Jean-Yves Le Drian reporte sa visite

Marquer sa préoccupation sur les risques de répression, tout en gardant le contact avec le président Hassan Rohani et sans l’affaiblir : l’exercice n’est...

03 - Janvier - 2018

Le pouvoir nord-coréen rétablit un « téléphone rouge » avec la Corée du Sud

Au lendemain de l’offre de dialogue faite par le gouvernement sud-coréen en réponse à l’appel à une amélioration des relations lancé par le...

02 - Janvier - 2018

Pour Trump, c’est « le moment du changement » à Téhéran

Pour les « faucons » américains, les manifestations qui ont lieu en Iran sont l’occasion d’accentuer l’escalade avec Téhéran, graduelle depuis...