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La Macédoine du Nord provoque une crise gouvernementale en Grèce

14 - Janvier - 2019

La Macédoine du Nord provoque une crise gouvernementale en Grèce. « Nous avons décidé de soulever un poids historique, d’avancer et de prendre un risque politique », a déclaré, dimanche 13 janvier au soir, Alexis Tsipras au sujet de l’accord de Prespa signé en juin 2018 avec Skopje. Cet accord, qui met fin au contentieux vieux de vingt-sept ans entre Athènes et Skopje sur le nom de l’ancienne république de la Fédération yougoslave, suscite de vives résistances en Grèce, malgré le soutien de la communauté internationale.

Panos Kammenos, ministre de la défense et président des Grecs indépendants, qui est en coalition avec le parti de gauche Syriza depuis l’élection d’Alexis Tsipras en 2015, a présenté dimanche sa démission. « La question macédonienne ne me permet pas de ne pas sacrifier mon poste. (…) J’ai expliqué au premier ministre que notre coopération ne pouvait pas continuer et que les Grecs indépendants allaient se retirer du gouvernement », a annoncé Panos Kammenos face aux caméras de télévision.

Cette décision n’est pas vraiment une surprise. Panos Kammenos avait averti depuis plusieurs mois qu’il quitterait le gouvernement en cas de vote de cet accord. Vendredi 11 janvier, le Parlement de Skopje a adopté à une majorité des deux tiers l’accord, qui doit maintenant être approuvé par les députés grecs.
Coup de poker politique

Le premier ministre Alexis Tsipras a profité du départ de cet allié encombrant pour tenter un nouveau coup de poker politique, en réclamant d’abord un vote de confiance du Parlement qui doit avoir lieu mercredi soir. Alexis Tsipras dispose de 145 élus de son parti de gauche
Syriza sur 300 sièges au Parlement et pourrait compter sur les voix de quatre députés des Grecs indépendants qui se dissocieraient de la position de leur chef de parti.

« Le gouvernement actuel doit aller jusqu’à son terme puisqu’il est entré dans sa phase la plus productive et positive », Marina Chrysoveloni, ministre adjointe des affaires étrangères grecque

Marina Chrysoveloni, ministre adjointe des affaires étrangères et députée des Grecs indépendants, a ainsi réitéré son soutien à Alexis Tsipras, malgré les déclarations de Panos Kammenos : « Le gouvernement actuel doit aller jusqu’à son terme puisqu’il est entré dans sa phase la plus productive et positive. » Une députée indépendante et un centriste pourraient
lui permettre d’obtenir les voix nécessaires pour continuer à gouverner jusqu’aux prochaines élections, officiellement programmées en octobre mais qui pourraient être avancées en mai, en même temps que les élections européennes.

Selon Manos Papazoglou, professeur de sciences politiques à l’Université du Péloponnèse :

« Les coups de poker d’Alexis Tsipras sont toujours plus maîtrisés qu’on pourrait le croire. Alexis Tsipras sait très bien que le vote de confiance passera tout comme l’accord de Prespa, Mais la majorité est faible et usée. Pour des votes importants comme celui de la réforme constitutionnelle, il faudra à Alexis Tsipras trouver 180 voix. Des élections anticipées semblent de plus en plus envisagées et une nouvelle phase d’instabilité politique s’ouvre en Grèce. »
Manifestations importantes

La question du nom de la Macédoine a déjà beaucoup affaibli Alexis Tsipras sur la scène intérieure : elle avait entraîné en octobre la démission du ministre des affaires étrangères, Nikos Kotzias, et provoqué des manifestations importantes à travers le pays.

Panos Kammenos se prépare d’ores et déjà aux prochaines élections et n’aurait pu se
compromettre sur l’accord avec la Macédoine face à son électorat nationaliste. Alexis Tsipras, quant à lui, se débarrasse d’un allié idéologiquement à l’opposé de son parti et veut se rapprocher du centre gauche en vue des futures élections européennes et législatives. Dimanche soir, le premier ministre a appelé « les forces progressives à s’unir pour le jour d’après ».
Lire aussi D’où vient le contentieux gréco-macédonien ?

« Nous devons assurer une sortie de crise avec un virage social, pour que le pays ne retourne pas à ses travers du passé, à la corruption, au gaspillage des fonds publics », a-t-il également ajouté dans un discours qui donnait l’impression dimanche soir que la campagne était bien lancée. D’après un récent sondage de l’institut Metron Analysis, la Nouvelle Démocratie (droite) recueillerait 28 % des intentions de vote, contre 21 % pour Syriza, le parti d’Alexis Tsipras.

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