La Maison Blanche de Trump, selon Bob Woodward, récit d’une administration à la dérive

12 - Septembre - 2018

Le livre du journaliste vedette, dont les extraits les plus spectaculaires avaient été révélés le 4 septembre, accumule les dialogues déroutants.

Personne ne retrouvera, dans la description de la Maison Blanche de Donald Trump dressée par Bob Woodward, « la machine bien huilée » maintes fois vantée par le président des Etats-Unis. L’ancien journaliste vedette du Washington Post, qui soumet depuis quatre décennies les présidents des Etats-Unis successifs au même traitement inquisiteur, dépeint au contraire une administration à la dérive, secouée par les intrigues, les coups de poignard et les trahisons, que préside et parfois excite un Donald Trump sûr de ses instincts. Un président de la première puissance mondiale réputé pour l’extrême légèreté de ses agendas, convaincu que toute forme de préparation et de planification briderait une imprévisibilité jugée cardinale dans l’exercice de ses fonctions.

La publication, le 4 septembre, par le Washington Post, des extraits jugés les plus stupéfiants de l’ouvrage (Fear : Trump in the White House, Simon and Schuster, encore non traduit) a privé le lecteur de l’effet de surprise créé par les morceaux de bravoure du récit de Bob Woodward. A commencer par l’escamotage, par celui qui fut le principal conseiller économique de Donald Trump, Gary Cohn, d’un projet de rupture unilatéral de l’accord commercial en vigueur entre les Etats-Unis et la Corée du Sud. Une copie du document appuie d’ailleurs les dires de l’auteur, qui ajoute que l’accord avec le Mexique et le Canada a échappé de justesse au même traitement.
L’« heure des sorcières »
L’accumulation des dialogues retranscrits par Bob Woodward, truffés de l’interjection que les chastes chaînes d’information américaines remplacent par le « F-word », n’en est pas moins déroutante. Comme la description de la chambre à coucher présidentielle, qualifiée d’« atelier du diable » par son premier chef de cabinet, Reince Priebus, où le président s’enivre de programmes de télévision. Ou ces « heures des sorcières ».

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