La « maladie » de la candidate Clinton, intox persistante de la presse de droite aux Etats-Unis

30 - Août - 2016

La « maladie » de la candidate Clinton, intox persistante de la presse de droite aux Etats-Unis

Depuis quelques semaines, « l’extrême droite est obsédée par la santé de Hillary Clinton », écrit Margaret Talbot, journaliste au New Yorker. Mais pourquoi ? Après tout, rappelle la journaliste, un quart des sénateurs américains ont plus de 70 ans, et les deux candidats à l’élection présidentielle, Hillary Clinton (67 ans) et Donald Trump (70 ans) ne sont pas exactement dans leur prime jeunesse. Mener ce genre de projet de vie à un âge où beaucoup choisiront plutôt la retraite demande une certaine forme physique.

Pour faire cas de l’âge d’un candidat et des ennuis de santé qui peuvent y afférer, il faut donc bien chercher. Certains blogs américains de droite et d’extrême droite, mais également la chaîne d’information Fox News, déploient des trésors d’énergie pour alimenter la rumeur : Hillary Clinton serait « malade ».
Epilepsie et faux documents

Dans une vidéo surgie sur Internet au début du mois d’août, mais tournée le 10 juin, on voit la candidate reculer théâtralement devant un micro tendu. Il n’en fallait pas plus pour ceux qui adhèrent à la théorie de la maladie cachée : Hillary Clinton a fait une crise d’épilepsie ! Juste là, devant la caméra ! Avouons que le hasard fait quand même bien les choses.

Il semble évident que Mme Clinton, connue pour sa distance soigneusement entretenue avec la presse, se moque gentiment de deux journalistes qui lui ont posé leurs questions en même temps. Point d’épilepsie à l’horizon. Et pourtant

Plusieurs commentateurs ont affirmé que Hillary Clinton avait eu, ce jour-là, un sérieux problème de santé. Outre le fait qu’il serait discutable de refuser l’investiture à quelqu’un pour cause d’épilepsie, une journaliste de l’agence Associated Press, présente au moment où la vidéo est tournée, a démenti cette version.

« Deux mois après, cet échange est devenu le fondement de l’une des théories conspirationnistes les plus répandues chez certains partisans de Donald Trump : la santé faiblissante de Hillary Clinton. Quand je vois un hochement de tête évasif, ils voient une crise d’épilepsie. »

Une autre image, où l’on voit la candidate se faire aider pour monter des marches, a permis à certains de spéculer sur sa force physique. Le cliché a déclenché des débats sur des blogs conservateurs et sur le forum Reddit. Une autre image encore laisserait voir des « défibrillateurs » sous la veste de Hillary Clinton, alors qu’il s’agit en fait, plus vraisemblablement, de micros.

Le 8 août, un compte Twitter a diffusé de faux documents présentant un diagnostic de démence, signés de la main du médecin de Hillary Clinton, Lisa Bardack. Un site de fact checking a cependant très vite prouvé que les documents étaient faux.

Devant toutes ces allégations, un panel d’invités de l’émission de Sean Hannity sur Fox News a commenté, le 13 août, l’état de santé de la candidate. Un médecin travaillant pour le service santé de la chaîne a sous-entendu qu’elle pouvait toujours avoir des séquelles de sa thrombose, pour laquelle elle avait été hospitalisée à la fin de l’année 2012, alors qu’elle était secrétaire d’Etat.

Le médecin de Mme Clinton a rendu, en juillet 2015, un bilan de santé la décrivant comme « une femme de 67 ans en parfaite santé ».
La méthode Trump

Ces rumeurs arrangent évidemment Donald Trump, qui s’en est remis à ce que les journalistes américains appellent sa « méthode » : répéter un mensonge sans forcément beaucoup étayer son propos, et laisser à ses partisans le soin de le faire pour lui, comme lorsqu’il a affirmé que le père de Ted Cruz avait joué un rôle dans l’assassinat du président Kennedy. Il avançait au début d’août que Mme Clinton n’avait pas « la force physique et mentale et la persévérance » nécessaires pour combattre le terrorisme de l’organisation Etat islamique. A la fin de juillet, il avait également publié une série de tweets mettant en avant les « siestes » de Hillary Clinton, lui qui, paraît-il, n’en fait jamais.

La porte-parole de M. Trump, Katrina Pierson, a également dit dans une interview sur MSNBC que Hillary Clinton souffrait de dysphasie, un trouble de la communication verbale.

Faire croire que Hillary Clinton n’a pas la santé nécessaire pour mener cette campagne est avantageux pour Donald Trump. Mais l’enjeu est immense, et certains commencent à réclamer les dossiers médicaux des deux candidats. Les déclarations du médecin de Donald Trump ont été notoirement évasives : « M. Trump, je peux l’affirmer sans équivoque, sera le président en meilleure santé que l’Amérique ait jamais connu. » Une appréciation qui semble dépasser le cadre strictement scientifique de l’examen médical.

Deux médecins américains ont réclamé, dans une tribune publiée sur le site du Chicago Tribune, une évaluation indépendante de la santé des deux candidats.

Autres actualités

31 - Janvier - 2019

« Téhéran s’opposera au projet d’un Kurdistan syrien autonome »

Spécialiste des problèmes de sécurité au Proche-Orient, Aniseh Bassiri Tabrizi est chercheuse au Royal United Services Institute for Defence and Security Studies,...

31 - Janvier - 2019

Sahara occidental : une nouvelle table ronde prévue en mars

L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, va rencontrer en février les quatre parties au conflit et convoquer en mars une nouvelle table ronde,...

30 - Janvier - 2019

« Il est urgent que les Africains se dotent d’une stratégie de lobbying à Bruxelles »

Les observateurs avertis de la technocratie bruxelloise vous le diront tous. La capitale européenne s’est muée ces dernières années en un centre de...

30 - Janvier - 2019

Les chefs du renseignement états-unien contredisent Trump sur la Corée du Nord ou l’Iran

En dressant leur tableau annuel des grandes menaces mondiales, les responsables du renseignement national des Etats-Unis prennent le contre-pied de Donald Trump sur des dossiers majeurs de sa...

29 - Janvier - 2019

Afghanistan : les Etats-Unis disent être parvenus à « une ébauche d’accord de paix » avec les talibans

Est-ce un signe d’impatience ou de l’imminence d’un accord de paix dans le conflit afghan qui dure depuis dix-sept ans ? Pour la première fois, depuis sa nomination, en...