« La politique étrangère de Salman d’Arabie saoudite est frappée d’un double sceau : brutalité et rustrerie »

30 - Novembre - 2017

Alain Frachon, éditorialiste au « Monde » , décrypte la série de défaites essuyées par l’Arabie saoudite, de la Syrie au Qatar en passant par l’Iran.

Chronique. En Arabie saoudite, les changements de régime se font dans le luxe. On est entre princes, entre cousins. Il faut l’air conditionné. Depuis le 4 novembre, on négocie pouvoir et argent dans les chambres du Ritz-Carlton de Riyad. La toile de fond de ces tractations sur belle moquette est moins brillante : la maison des Saoud vient d’essuyer une série de retentissantes défaites.
Elle se retrouve dans le camp des vaincus en Syrie. Ce triste statut explique sans doute nombre d’initiatives inconsidérées à l’extérieur, comme prises dans la panique par les Saoudiens – de « l’enlèvement » du premier ministre libanais, Saad Hariri, au boycottage du Qatar en passant par la guerre atroce que Riyad poursuit au Yémen.
L’Arabie saoudite voulait la tête du Syrien Bachar Al-Assad, allié et « client » du grand rival de Riyad dans la région, la République islamique d’Iran. Les Saoudiens ont soutenu certains des plus radicaux parmi les groupes d’opposants armés au régime de Damas. En vain. Les Saoudiens ont perdu.
Depuis que les Etats-Unis ont renversé celui qui servait à « contenir » l’Iran dans la région, l’Irakien Saddam Hussein, en 2003, Téhéran monte en puissance. D’abord en Irak, puis en s’engageant dans les guerres de Syrie, enfin au Liban par Hezbollah interposé. Résultat : l’Arabie saoudite voit filer entre ses mains une prépondérance régionale à laquelle elle aspire en tant que « leader » du monde arabe sunnite et gardienne des lieux saints de l’islam.
Une sorte de Rambo en djellaba
La situation intérieure n’est pas rassurante. Une pratique arriérée, brutale, ultra-conservatrice de l’islam étouffe le pays : le wahabisme. Elle concède aux religieux une tutelle difficilement tenable sur une société de 30 millions d’habitants dont plus d’un quart ont moins de 25 ans. Si l’Arabie ne se réforme pas, la rente pétrolière ne permettra pas d’assister cette population à perpétuité.

Autres actualités

08 - Décembre - 2017

La Turquie poursuit sa purge jusqu’au sein de l’OSCE

Ankara réclame l’exclusion d’une ONG proche de Fethullah Gülen. The Journalists and Writers Foundation dénonce régulièrement les atteintes aux...

07 - Décembre - 2017

« Poutine IV » entre en lice pour la présidentielle de 2018

Le chef du Kremlin a officiellement annoncé son intention de briguer un quatrième mandat à la tête de la Russie, qu’il dirige depuis dix-sept ans. Une...

07 - Décembre - 2017

Donald Trump, seul contre tous

En décidant de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël, le président américain transgresse les règles de la diplomatie,...

06 - Décembre - 2017

Avec le statut de Jérusalem, Trump risque une crise internationale

Le président américain a informé, mardi, plusieurs dirigeants de la région qu’il voulait y transférer l’ambassade des Etats-Unis, actuellement...

06 - Décembre - 2017

Un attentat contre Theresa May déjoué

La vague d’attentats en Grande-Bretagne cette année, dont quatre revendiqués par l’EI, a fait au total 36 morts et près de 200 blessés. La ministre de...