« La rencontre entre Trump et Kim Jong-un n’a rien à voir avec le voyage de Nixon en Chine en 1972 »

11 - Juin - 2018

L’historien Pierre Grosser, spécialiste de l’Asie, explique dans une tribune au « Monde » que le président américain donne un statut à la Corée du Nord, qui n’est un modèle pour personne sauf dans sa capacité à utiliser le nucléaire comme arme politique. Il en fait le test de sa crédibilité.

« On a du mal à voir comment une rencontre avec le représentant d’un régime diabolisé va alléger les contraintes internationales américaines face aux défis de la Russie et de la Chine, et du Moyen-Orient » (Photo: le 11 juin, à Séoul, en Corée du Sud). Ahn Young-joon / AP

Tribune. Même si, en réalité, c’est la normalisation orchestrée en 1978 par Jimmy Carter qui a créé une relation sino-américaine solide, le voyage du président Richard Nixon en Chine en 1972 a été érigé en tournant essentiel de l’histoire du monde.
D’une part, mettre la Chine du côté des Etats-Unis condamnait l’Union soviétique à l’isolement, puisqu’elle faisait désormais face à l’OTAN à l’Ouest, et à la Chine et au Japon à l’Est. Une guerre sur deux fronts est traditionnellement un cauchemar pour Moscou. On ne comprend rien à la politique soviétique des années 1930 si on oublie que Staline craignait une alliance ferme entre Allemagne et Japon, et rien à la seconde guerre mondiale si on minimise l’importance de la non-attaque du Japon contre l’URSS au moment où l’Allemagne lançait Barbarossa le 22 juin 1941.
Candidat au statut de première puissance mondiale
Dans les années 1980, l’Union soviétique a dû s’engager dans une offensive de charme tous azimuts pour ne plus avoir comme ennemis tous les grands centres de puissance, alors même qu’elle était empêtrée dans la guerre en Afghanistan, où Américains et Chinois (sans compter l’Arabie saoudite et le Pakistan) aidaient la résistance. Bref, le rapprochement sino-américain a permis à Washington de gagner la guerre froide. D’autre part, en réintroduisant la Chine dans le jeu international, notamment économique, les Etats-Unis ont contribué à l’ouverture du pays, et donc au miracle qui en a fait un candidat au statut de première puissance mondiale.

Pourtant, depuis 1951, les Etats-Unis avaient établi, avec leurs alliés (souvent récalcitrants), un embargo économique à l’égard de la Chine « rouge » bien plus sévère qu’à l’égard de l’Union soviétique. L’objectif était de rendre trop coûteux pour Moscou l’aide à une Chine coupée du monde. D’autant que celle-ci réclamait cette aide soviétique, qui, de fait, fut considérable, afin de mettre en œuvre la transformation...

Autres actualités

22 - Mai - 2020

Covid-19 : une étude internationale suggère un risque accru de mortalité sous hydroxychloroquine

L’hydroxychloroquine et la chloroquine ont-elles un intérêt dans le traitement du Covid-19 ? Les études s’accumulent, sans apporter pour l’instant de preuves...

22 - Mai - 2020

Au Cameroun, un centre protège des perroquets jaco saisis aux trafiquants

Des croassements déchirent le silence. Dans une grande cage, une nuée de perroquets volent d’un point à l’autre. Assis en face de la volière, Stephen Killi...

20 - Mai - 2020

Rwanda : Félicien Kabuga veut « être jugé en France »

C’est dans un fauteuil roulant que Félicien Kabuga, escorté par deux gendarmes, a été conduit à la barre, mercredi 20 mai. L’homme d’affaires...

20 - Mai - 2020

En Inde, Dassault voit s’éloigner tout espoir de nouvelle commande de Rafale

L’épidémie de Covid-19 fait une victime inattendue en Inde : le groupe Dassault Aviation. Celui-ci est en train de voir s’envoler ses espoirs de fournir une bonne...

19 - Mai - 2020

En Italie, le déconfinement se poursuit avec prudence

Dans la matinée du lundi 18 mai, le président du conseil italien, Giuseppe Conte, s’est offert une petite promenade dans le centre de Rome à l’heure de...