La Russie installe peu à peu sa présence dans la capitale centrafricaine
A Bangui, on parle presque autant d’eux que des rebelles qui se regroupent dans l’arrière-pays et menacent d’avancer vers la capitale centrafricaine. Ils alimentent la machine à spéculations et à fantasmes, tant on s’interroge sur l’étendue de leur influence. Eux, ce sont les Russes : militaires, mercenaires, hommes d’affaires ou conseillers de l’ombre.
Les faits sont connus. Après une rencontre à Sotchi, en octobre 2017, entre le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, et le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, Moscou a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une dérogation à l’embargo sur les armes à destination de la Centrafrique afin de faire un don de matériel militaire au gouvernement et de lancer un programme d’entraînement des Forces armées centrafricaines (FACA). L’autorisation fut obtenue en décembre et un Iliouchine II-76 de l’armée russe a effectué le 26 janvier une première livraison à l’aéroport de Bangui.
L’accord entre Bangui et Moscou prévoit la fourniture de lance-roquettes, mitrailleuses, fusils automatiques et pistolets, ainsi que l’entraînement au maniement de ces armes de deux bataillons des FACA, soit 1 300 hommes. Une cérémonie pour la fin de la formation d’un premier contingent de 200 hommes s’est tenue le 31 mars en présence du président Touadéra. Voilà pour l’histoire officielle. Mais les surprises se sont enchaînées.
Bokassa « ne repose plus en paix »
Il y a tout d’abord eu la mise à disposition du palais de Bérengo aux envoyés de Moscou. Cette bâtisse à l’abandon, à 60 km à l’ouest de Bangui, était la demeure de Jean-Bedel Bokassa, au pouvoir de 1966 à 1979, enterré dans le domaine. Cette révélation a lancé une vive polémique entre le gouvernement et la famille Bokassa, qui n’avait pas été prévenue de la transformation du palais et des 40 hectares de terrain en camp militaire.