La Turquie face à un choix géostratégique

13 - Juillet - 2019

Editorial du « Monde ». Trois ans presque jour pour jour après la tentative de coup d’Etat militaire qu’elle avait contribué à faire échouer, la Russie a commencé à livrer, vendredi 12 juillet, son système de missiles S-400 à la Turquie. Vladimir Poutine avait été le premier chef d’Etat à téléphoner à Recep Tayyip Erdogan pour souhaiter « un retour rapide à la stabilité ». Le président turc ne l’a pas oublié – pas plus qu’il n’a oublié la retenue de ses partenaires occidentaux, ni leurs critiques, justifiées, de la répression qui n’a jamais cessé, avec quelque 50 000 arrestations et le limogeage de plus de 150 000 fonctionnaires.

Le réchauffement des relations entre Moscou et Ankara, jusque-là adversaires dans le conflit syrien, avait commencé pendant l’été 2016. Depuis, il n’a fait que s’accentuer. Le « nouveau tzar » et le « nouveau sultan » ont beaucoup en commun, leur conservatisme comme leur autoritarisme, leur goût de l’histoire comme leur volonté de rendre à leurs pays respectifs ce qu’ils considèrent être le rang qui lui revient. Les S-400 sont le symbole de cette très inédite alliance russo-turque.

L’achat par la Turquie, en septembre 2017, de ces missiles de défense aérienne, pour 2,2 milliards d’euros, avait semé la consternation parmi ses alliés. Pilier du flanc sud-est de l’Alliance atlantique depuis 1952 et deuxième armée de l’OTAN par le nombre de soldats, la Turquie n’a certes jamais été un partenaire facile, surtout depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 des islamistes de l’AKP (Parti de la justice et du développement). Réticente à l’engagement en Afghanistan, hostile à l’intervention en Libye et longtemps ambiguë vis-à-vis des djihadistes de l’organisation Etat islamique, la Turquie d’Erdogan inquiétait déjà de plus en plus ses partenaires.
Le jeu de Vladimir Poutine

Le défi lancé à l’OTAN par l’installation des S-400 – si toutefois elle est réellement menée à son terme – est sans précédent. Ces missiles vont compliquer les opérations militaires occidentales. Leur déploiement pose la question de leur compatibilité avec le reste de l’équipement des armées de l’OTAN et de la sécurité de l’Alliance face à une Russie toujours plus agressive. Il fait en outre le jeu de Vladimir Poutine, qui se sert de ces missiles et du dossier turc pour enfoncer un coin dans les divisions au sein de l’OTAN.

Autres actualités

28 - Novembre - 2019

Téhéran accuse la CIA d’être responsable des émeutes en Iran

Le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, l’a affirmé, mercredi 27 novembre. L’Iran, a-t-il déclaré, a mis en échec « un complot très...

28 - Novembre - 2019

La Corée du Nord tire deux projectiles non identifiés

Au moment où les négociations sur le nucléaire entre Pyongyang et Washington sont dans l’impasse et où les Etats-Unis fêtent Thanksgiving, la Corée...

27 - Novembre - 2019

Présence française au Sahel : sortir de l’impasse

Il y a bientôt sept ans, en janvier 2013, François Hollande avait pris l’initiative d’envoyer les soldats français afin d’empêcher les groupes...

27 - Novembre - 2019

Elections générales en Namibie sur fond de récession et de corruption

Les Namibiens sont appelés aux urnes ce mercredi 27 novembre pour des élections générales appelées à confirmer la mainmise sur le pays du parti au...

26 - Novembre - 2019

Crash d’hélicoptères au Mali : qui sont les treize soldats français tués ?

La collision, lundi 25 novembre, de deux hélicoptères engagés dans une mission de combat contre des djihadistes a coûté la vie à treize militaires...