">

La valse-hésitation de Nétanyahou au sujet des migrants africains

03 - Avril - 2018

Un accord a été annoncé lundi avec l’ONU pour réinstaller la moitié d’entre eux dans des pays occidentaux. Le premier ministre l’a gelé quelques heures plus tard.

Ce n’est plus de la fébrilité, mais de la panique. Quelques heures après avoir annoncé un accord spectaculaire avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), lundi 2 avril, sur le sort des migrants africains en Israël, Benyamin Nétanyahou a fait marche arrière de manière tout aussi imprévue. Succombant au mécontentement de la droite nationaliste, qui le tient en joue, le premier ministre a décidé de suspendre cet accord, le temps de consultations supplémentaires.
Ce texte prévoit qu’en cinq ans, 16 000 Erythréens et Soudanais – sur les 39 000 vivant en Israël – seraient autorisés à s’installer dans des pays occidentaux dits développés. Les autres resteraient en Israël. Cette perspective, qui marque en creux l’échec de la politique précédente du gouvernement, a été jugée inacceptable par la droite dure, à commencer par le ministre de l’éducation, Naftali Bennett. Autre souci : M. Nétanyahou a cité, parmi les pays susceptibles d’accueillir les migrants africains, « le Canada, l’Allemagne ou l’Italie ». Or, les deux derniers ont fait savoir qu’ils n’avaient pour l’heure reçu aucune demande formelle.
Politique coercitive

L’accord avec le HCR prévoit aussi que la moitié des migrants restant en Israël recevraient un vrai statut. Des formations professionnelles seraient développées à leur attention, dans le secteur de l’énergie solaire, de l’agriculture et de l’irrigation. Depuis l’arrivée massive de ces migrants africains via le Sinaï égyptien, à compter de 2005, les gouvernements israéliens successifs ont refusé de leur reconnaître le statut de réfugié politique. Le HCR a précisé dans un communiqué que des programmes seraient mis en place pour encourager ces migrants à déménager des quartiers sud de Tel-Aviv. Leur concentration dans cette zone paupérisée a provoqué des tensions avec les habitants israéliens. Le gouvernement a précisé qu’une administration spéciale serait formée pour gérer la réhabilitation de ces quartiers.
En janvier, le gouvernement avait annoncé que les migrants africains seraient reconduits vers des pays tiers (Rwanda, Ouganda) ou emprisonnés. Cette politique coercitive a provoqué de vives réactions au sein de la société civile. L’annonce d’un accord avec le HCR représentait pour elle une victoire inespérée. Las, M. Nétanyahou semble mesurer soudain la menace que ce programme négocié avec l’ONU, organisation agonie par la droite israélienne, pourrait faire peser sur son propre avenir politique. Sur Facebook, le premier ministre a accusé l’organisation New Israel Fund et l’Union européenne d’avoir exercé « une énorme pression » sur le Rwanda pour qu’il refuse d’« absorber les infiltrés d’Israël » après leur expulsion.

Le gouvernement israélien a finalement annulé sa décision d’expulser les quelque 42 000 migrants africains et a annoncé avoir trouvé une solution prévoyant le départ d’au moins 16 250 d’entre eux vers des pays occidentaux. La photographe Sarah Caron avait photographié ces Érythréens et ces Soudanais qui vivent en marge de la société. Sans plan B ni désir de partir.
Comme beaucoup d’Erythréens en Israël, Gorgio est homme de ménage dans un hôtel. Le soir, avant de rejoindre sa banlieue, il se repose dans une avenue ombragée des beaux quartiers.

Autres actualités

30 - Mars - 2018

La Russie, meilleure alliée de la Turquie en Syrie

La Turquie compte avant tout sur la Russie pour poursuivre, voire étendre son intervention en Syrie. Le septième anniversaire de la révolution syrienne a...

30 - Mars - 2018

En Ethiopie, les Oromo frappent à la porte du pouvoir

L’Ethiopie à cran (1). Longtemps marginalisée, la plus grande communauté du pays espère que la coalition gouvernementale désignera un premier ministre...

29 - Mars - 2018

Au Ghana, l’accord militaire avec les Etats-Unis contesté dans la rue

Des centaines de personnes ont manifesté à Accra pour dénoncer une « atteinte à la souveraineté du pays ». Manifestation à Accra, le 28...

29 - Mars - 2018

« La moustache de John Bolton, ce détail qui a fait hésiter Trump à le recruter »

Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », explique les raisons pour lesquelles le président américain a finalement décidé de...

28 - Mars - 2018

Kim Jong-un s’est rendu en Chine, son premier voyage depuis sa prise de pouvoir

Le dirigeant nord-coréen s’est entretenu avec son homologue chinois Xi Jinping au cours d’une visite qu’il a effectuée à Pékin de dimanche à...