Large victoire des populistes en République tchèque
Le milliardaire Andrej Babis, qui a voulu rassurer sur son engagement européen, doit former une coalition dans un paysage politique éclaté.
Dans des proportions encore bien supérieures à ce qui était attendu, les électeurs tchèques ont adressé un message de profonde défiance aux partis politiques traditionnels, vendredi 20 et samedi 21 octobre, à l’occasion des élections législatives. Première bénéficiaire de ce grand coup de balai, la formation populiste du milliardaire Andrej Babis, l’Action des citoyens mécontents (ANO), a remporté 29,7 % des voix, soit 78 des 200 sièges que compte la Chambre basse.
Malgré la mise en examen qui pèse sur lui depuis le 9 octobre dans une affaire de fraude aux fonds européens, M. Babis a donc de fortes chances de devenir premier ministre. Dès dimanche, le président Milos Zeman s’est dit prêt à le charger de former une coalition, tâche qui s’annonce difficile.
Le magnat de l’agroalimentaire d’origine slovaque a bâti son image sur la dénonciation de la corruption, promettant de « gérer l’Etat comme une entreprise »
La réussite de cet entrepreneur à succès entré en politique en 2011 est spectaculaire. M. Babis, magnat de l’agroalimentaire d’origine slovaque, a bâti son image sur la dénonciation de la corruption, promettant de « gérer l’Etat comme une entreprise », loin des « bavardages » des institutions. Et il a accompagné son ascension en achetant plusieurs titres de presse.
En 2014, après ses premiers succès électoraux, M. Babis est devenu ministre des finances de la coalition gouvernementale menée par le Parti social-démocrate (CSSD), avant d’en être chassé en mai 2017 sur fond de conflits d’intérêts. Au gouvernement, il a fait la démonstration de sa capacité à être, en plus d’un bateleur de talent, un gestionnaire sérieux.
Le succès d’Andrej Babis entérine une recomposition profonde du paysage politique tchèque. Dans le sillage de l’ANO, les partis anti-système réalisent une percée spectaculaire. Le Parti pirate, qui a réussi à capter la contestation des jeunes, prend la troisième place avec 10,8 % des voix, talonné...