Le Liban, en faillite, appelle le FMI à la rescousse
Les chiffres de la débâcle libanaise sont désormais connus, et les moyens choisis par le gouvernement pour tenter de s’en sortir commencent à émerger. Le premier ministre, Hassan Diab, a présenté, jeudi 30 avril, en un jour qu’il a qualifié d’« historique », le plan de sauvetage économique et financier du pays du Cèdre. Pour apurer les comptes publics, grevés par une dette de 92 milliards de dollars (84,4 milliards d’euros), équivalente à 170 % du produit intérieur brut (PIB), et remettre le pays sur la voie de la croissance, le chef du gouvernement, aux affaires depuis janvier, s’est décidé à solliciter l’aide du Fonds monétaire international (FMI).
Grâce à son plan de réformes, M. Diab espère obtenir de l’institution un soutien d’au moins 10 milliards de dollars, en plus du déblocage des 11 milliards de dollars promis à la conférence Cedre (Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises) organisée à Paris en avril 2018. Ces fonds n’ont jamais été versés en raison de l’incapacité de l’exécutif alors en place, dirigé par Saad Hariri, à mettre en œuvre les réformes auxquels il s’était engagé.
Il y a quelques mois encore, le recours au FMI faisait figure de tabou. Le mouvement chiite Hezbollah, l’un des partenaires de la coalition soutenant le gouvernement Diab, agitait le spectre d’une mise sous tutelle du pays par les Etats-Unis. D’autres partis, peu désireux de voir les experts de l’organisation mettre leur nez dans les comptes de l’Etat et des banques, traînaient aussi les pieds.
« Mais parce que l’Iran, sponsor du Hezbollah, s’est lui-même résolu à réclamer de l’aide au FMI, et que la situation est franchement désespérée, le mouvement chiite a fait comprendre qu’il n’était plus contre », explique un diplomate étranger.