Le maire libéral de Varsovie, nouveau candidat de l’opposition à la présidentielle polonaise
L’improbable imbroglio politique et juridique autour de l’élection présidentielle polonaise, dont le parti au pouvoir voulait forcer la tenue au mois de mai en pleine épidémie du coronavirus, réserve décidément bien des surprises. Le report in extremis du scrutin à une date encore inconnue s’est révélé être une aubaine pour le principal parti d’opposition, la Plate-forme civique (PO, centre droit), la formation fondée par Donald Tusk. Sa candidate, Malgorzata Kidawa-Blonska, était très à la traîne dans les sondages, en dessous du seuil électoral de 5 %, après une campagne confuse, au cours de laquelle elle avait notamment appelé au boycott du scrutin sans pour autant retirer sa candidature.
Vendredi 15 mai, la direction de PO a tranché : le nouveau candidat du parti sera le maire de Varsovie, le quadragénaire et représentant de l’aile libérale du parti, Rafal Trzaskowski. La candidature de l’ancien ministre des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a un temps été envisagée, mais rapidement écartée. Ce renversement de situation remet les compteurs à zéro au sein de l’opposition, dans une campagne où le président sortant, Andrzej Duda, représentant du parti Droit et justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, fait toujours office de grand favori.
Dans les études d’opinion, la Plate-forme civique a bénéficié de ce revirement, mais le défi qui attend le nouveau candidat est de taille : il est crédité à ce jour de 16 % d’intentions de vote, contre 43 % pour Andrzej Duda. Dans l’éventualité d’un second tour, en revanche, l’écart se réduit fortement : 53 % pour le président sortant et 43 % pour M. Trzaskowski, avec près de 10 % d’indécis. Les politologues soulignent unanimement qu’en dépit de sa forte popularité le président sortant bénéficie de faibles réserves de voix en vue du second tour. L’opposition veut donc y croire : une victoire et une reconquête du pouvoir sont redevenues possibles. En cas d’échec du candidat du PiS et face au morcellement de la majorité, des élections législatives anticipées ne seraient pas à exclure.