« Le malheur franco-allemand, c’est que Paris et Berlin ne sont plus au même tempo depuis longtemps »

03 - Octobre - 2018

Problème de rythme, calendriers politiques décalés, priorités différentes : le tandem franco-allemand n’avance pas. Le modèle est-il dépassé ?, s’interroge dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Ce devait être l’occasion ou jamais, les planètes enfin alignées, un nouveau départ… En mai 2017, au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, deux très bons spécialistes des relations internationales, l’Allemand Thorsten Benner et le Français Thomas Gomart, signaient dans la revue Foreign Affairs un article enthousiaste sur l’avenir radieux que promettait cet événement au duo Berlin-Paris. La présidence Macron, écrivaient-ils, « offre une chance rare de ressusciter la relation franco-allemande au moment où l’Europe en a le plus besoin ».
Tous les espoirs étaient permis. La campagne résolument pro-européenne du jeune candidat avait fait souffler un vent d’audace et de confiance sur une Union européenne essorée par la crise des dettes souveraines, déstabilisée par celle des réfugiés, minée par le vote du Brexit et la montée des populismes. Une nouvelle dynamique, positive celle-ci, s’installait pendant l’été. Enfin, une relance de l’Europe était possible ! Inévitablement, elle passait par Berlin, qu’Emmanuel Macron et son équipe germanophone avaient soigneusement mitonné avant et après l’élection.
La clé du rendez-vous manqué se situe il y a un an, en septembre
Un an et demi plus tard, le bel article de Foreign Affairs se lit comme un émouvant conte de fées. A Berlin, on affiche des mines contrites en hochant la tête à l’évocation de ce qui apparaît à l’évidence comme une occasion ratée. A Paris, on tente de faire bonne figure – rien, dans ce domaine, veut-on se rassurer, ne se fait du jour au lendemain. Mais la réalité s’entête : la belle dynamique s’est brisée et le tandem franco-allemand est encalminé.
Que s’est-il passé ? La clé du rendez-vous manqué se situe il y a un an, en septembre. Le week-end précédant son grand discours-programme à la Sorbonne sur l’Europe, le 26 septembre, dont la date a été calée sur celle des élections allemandes, le 24, le président Macron appelle longuement...

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