« Le Mali est notre Afghanistan »

16 - Novembre - 2017

Plus l’armée française est engagée dans le pays et plus se renforce le djihadisme armé qu’elle était venue combattre, explique, dans sa chronique, Christophe Ayad, responsable du service International du « Monde ».
Un soldat français patrouille à Inaloglog, au Mali, le 17 octobre. BENOIT TESSIER / REUTERS
Chronique. C’est un pays pauvre et sans pétrole. Un pays désertique à l’intérêt stratégique limité. Une armée occidentale moderne y a mené une guerre éclair et victorieuse pour en chasser un pouvoir djihadiste qui abritait Al-Qaida sur son territoire. Depuis, des élections ont été organisées et un pouvoir civil local s’est installé. Mais, au fil des bavures militaires, des embuscades et des revers politiques face à une insurrection qui a repris du poil de la bête et du terrain, la dissension s’est installée entre le nouveau pouvoir et son « sauveur » occidental.
Ce dernier est fatigué de tenir à bout de bras et de financer un pouvoir corrompu et inefficace, mais ne peut pas le lâcher sous peine de perdre un champ de bataille devenu stratégique de la « guerre contre le terrorisme ». Les autorités locales, elles, finissent par être excédées par leurs protecteurs occidentaux qui leur disent ce qu’elles doivent faire et ne comprennent rien aux nécessités locales de composer avec tel clan, telle tribu, telle faction politique ou telle milice. Et pendant ce temps, Al-Qaida gagne du terrain, convertit à sa cause les paysans abandonnés à leur sort, rallie les mécontents et les victimes de bavures à sa bannière, compense les pertes de ceux lésés par l’interruption des trafics (d’êtres humains, de drogue ou d’armes) à cause de la présence militaire étrangère et intimide tous ceux laissés sans protection.
L’heure est au « blame game »
Cette histoire, emblématique, pourrait être celle de l’Afghanistan depuis 2001 : un succès militaire, suivi d’une reconstruction ratée et du retour progressif d’une insurrection, plus aguerrie et politiquement plus habile. En fait, elle est de plus en plus celle du Mali, du moins de sa partie septentrionale. Le Mali est notre Afghanistan. Plus l’armée française y est engagée, plus la situation se dégrade et plus se renforce ce qu’elle était venue combattre : le djihadisme armé, qui gagne progressivement à sa cause...

Autres actualités

16 - Mars - 2017

Sixième anniversaire sanglant du soulèvement syrien

Le mercredi 15 mars, jour du sixième anniversaire du conflit syrien, a été marqué par un double massacre : un attentat-suicide à Damas et un bombardement...

15 - Mars - 2017

Affaire Fillon : la presse étrangère suit de près la « désintégration des Républicains »

Les journaux internationaux se passionnent pour la campagne présidentielle française, et portent un regard sévère sur l’affaire touchant le candidat de la...

15 - Mars - 2017

Le secrétaire d’Etat américain en Asie pour proposer une nouvelle approche du dossier nord-coréen

Rex Tillerson a été dépêché par Donald Trump pour réaffirmer le soutien états-unien à Tokyo et à Séoul, et pour...

14 - Mars - 2017

Les états d’âme des diplomates face au FN

Ils ne sont pas seuls, au sein de la haute fonction publique, à se préoccuper de la montée dans les sondages de Marine Le Pen, mais les diplomates, de par leur fonction...

14 - Mars - 2017

Le Brexit ne fait que commencer

Le Parlement britannique a donné son feu vert à Theresa May pour engager le divorce avec l’Union européenne. La perspective d’un deuxième...