Le ministre de l’Éducation nationale, Mamadou Tall s'exprime suite à la suspension des enseignements dans les écoles à cause du Coronavirus : « Nous sommes dans une dynamique de continuité pédagogique »

17 - Mars - 2020

La rapide propagation du coronavirus à Mbacké a appelé chez les autorités sénégalaises des décisions inédites. Lors d'une réunion d'urgence convoquée au palais ce samedi, le président de la République a ainsi décidé d'interdire toutes les manifestations publiques pour une période de 30 jours. Les cours donnés dans les écoles et universités ont été suspendus pour au moins trois semaines. Dakaractu a jugé opportun de recueillir l'avis du ministre de l’Éducation nationale concerné au premier plan par cette mesure. Mamadou Talla, puisqu'il s'agit de lui, a salué la décision du président de la République. Mais pour le chef du département de l’Éducation nationale, le cachet qu'il faut donner à ces vacances prolongées, est un peu spécial. Pour Mamadou Talla, ses services sont dans une dynamique de continuité pédagogique. Ce, pour dire qu'avec les outils qu’offrent les nouvelles technologies de l'Information et de la Communication, les potaches ont la possibilité de poursuivre les cours à distance. Il s'est aussi prononcé sur la supposée fuite d'un directeur d'école de sa quarantaine à Mbacké.

Pour arrêter la propagation du coronavirus, le président de la République a décidé d'interdire les manifestations publiques, de suspendre les cours entre autres décisions. N’est-ce pas trop tard ?

Permettez-moi d’abord, de saluer cette mesure de très haute portée. C’est une mesure de haute portée prise avec responsabilité et avec courage. Comme vous le savez, pour prendre des mesures de cette envergure, il faut comprendre ce qui s’est passé, parce que quand le problème s’est posé, il fallu y aller par étape. Dans les premières semaines, il fallait sensibiliser, expliquer, équiper, mettre en place des comités, une commission au niveau de la santé… Et ça s’est très bien passé jusque-là. Au niveau de l’éducation nationale, nous avions déjà donné une leçon de vie dans les écoles, qui a été répercutée au niveau national, dans l’ensemble des IA et des IEF. Et alors, Il y a deux ou trois jours, c’est devenu préoccupant au niveau communautaire, alors le président a convoqué une réunion extrêmement importante où des décisions ont été prises. Nous saluons ces décisions de courage, prises avec responsabilité pour le bien de tous les sénégalais. Donc, mieux vaut tard que jamais, à chaque stade de cette maladie, des décisions vont être prises. Toute la communauté a salué cette décision, que ça soit les communautés éducative, sanitaire, sportive, culturelle, et au niveau même des guides religieux, chacun a salué la décision qui est venue à son heure.

Ça a été difficile pour le président de poser un acte aussi fort ?

Ça n’a pas été difficile. Dès le premier jour, le président est dans cette dynamique; mais comme je vous l’ai dit, c’est une responsabilité, un chef d’Etat ne prend pas une décision à la légère. Il a fallu s’appuyer sur les spécialistes, des médecins…toute une équipe d’experts qui ont donné des arguments. Il a fallu voir ce qui se passe au niveau international. Connaissant sociologiquement comment on est dans nos familles, c’est ce qui amené à convoquer cette grande réunion où ces décisions extrêmement importantes ont été prises. Ça n’a pas été difficile parce que depuis le premier jour, il a été dans cette dynamique; préserver, expliquer, sensibiliser, accompagner, mettre aussi les moyens pour qu’on puisse venir à bout de cette maladie. c’est ce qu’il fallait faire, il l’a prise au moment où il faut le faire. Ça a été accepté par tout le monde… les guides religieux ont renvoyé des événements extrêmement importants qui sont connus par tout le monde dans le calendrier… Nous saluons la position des syndicats d’enseignants. Le G7 s’est prononcé…C’est venu à son heure, on ne l’a pas pris très tôt ni trop tard, il ne l’a pas prise pour apeurer ou non. À chaque instant, il prend une décision en fonction de l’évolution de la maladie au Sénégal.

Croyez-vous que cette suspension des cours dans les écoles permettra de circonscrire la propagation du Coronavirus au Sénégal ?

Mais c’est une excellente décision. Toute la communauté éducative l’a saluée. De toutes facons, il faut rappeler que nous étions dans cette dynamique. Dès le premier jour, nous avons lancé ce qu’on appelle une leçon de vie dans l’ensemble des académies, dans l’ensemble des inspections de l’Education et de la Formation, des leçons ont été données, des documents de sensibilisation et d’explication sont distribués… Aujourd’hui les élèves sont en mesure d’expliquer cette maladie et participer à la prévention; n’oubliez pas que nous avons trois millions cinq cent mille élèves, dans le privé comme dans le public. L’école, c’est comme le Sénégal en miniature. Nous partirons de l’école pour continuer à irriguer l’ensemble de la société pour que tout le monde puisse mesurer à sa juste valeur la portée de ces décisions prises par le président de la République. Ce ne sont pas des vacances qui ont été données. Les écoles ont été fermées parce que c’est des milliers d’enfants qui sont dans le transport, qui sont dans les classes, des activités en groupe. L’appel que nous lançons aux parents, ce n’est pas des vacances, c’est plutôt un moment important. Les enfants sont à la maison, les parents doivent continuer à les écouter. Ils pourront se sensibiliser mutuellement. Ce n’est pas le moment de laisser les enfants faire des sorties. Au contraire, ils doivent rester à la maison et continuer à travailler. Tout cela, pour dire qu’il y a ce qu’on appelle une continuité pédagogique même si aujourd’hui ils ne sont pas à l’école. On peut le faire. Nous avons un vaste programme, un service qui ne s’occupe que de ça et qu’on appelle le système d’informations du ministère de l’Education nationale où nous avons des cours déjà terminés…Des cours en ligne seront installés. D’ailleurs, dès demain lundi, une première réunion se tient pour des cours en ligne, pour des élèves en ligne pour les élèves de Terminale, de CM2 et de 3e…

N’y a-t-il pas déphasage entre ce que vous dites et ce qui se passe sur le terrain si l’on sait qu’à Mbacké, un directeur d’école et un élève sont sortis de leur confinement…

Dès qu’on a appris ce qui s’est passé à Mbacké, où il y a une école de 2.000 élèves, des mesures ont été prises. il s’est trouvé qu’un élève est sorti, sans pour autant prendre conscience de ce qui s’est passé, sans même que le dispositif ne soit affiné. Mais dès qu’il a été identifié, il est revenu. Le directeur d’école aussi, il était en contact avec quelqu’un et on l’a mis en quarantaine. Vraiment, il n’y a pas de supputation à faire là dessus. C’est parce que d’ailleurs des formations ont été faites, c’est parce que la sensibilisation a été correcte qu’on a pu déceler et identifier les écarts et on les a ramenés à la raison en quelques heures. Donc, vraiment, ce n’est pas la peine d’apeurer tout le monde. Ils sont aujourd’hui mis en quarantaine et au niveau de la santé, l’équipe est en train de faire une excellente prestation au niveau de Touba, Mbacké et Diourbel.

Trois semaines de vacances, n’est-ce pas trop pour une école souvent confrontée à des mouvements de grève des enseignants ?

Mais la santé est au dessus de tout ça. Vous voyez des pays qui ont tout arrêté; heureusement au Sénégal nous n’avons pas été très perturbés. Il s’est trouvé que cette décision est venue au bon moment. C'est une semaine d’arrêt de cours et après on va apprécier. Jusque là, dans nos progressions, dans le quantum horaire quand on considère le début de l’année jusqu’au 31 juillet, nous ne sommes pas encore dans des zones rouges pour dire qu’il faut entamer autre chose ou non. Mais toujours est-il que s’il faut revoir le décret qui organise l’année scolaire, peut être on va aller vers ça…Jusque là, c’est cinq jours ouvrés qui sont concernés par rapport à la situation. Mais ce ne sont pas des vacances, c’est plutôt des préventions pour isoler la maladie pour trouver le traitement qui convient.

Comment comptez-vous pallier ce retard causé par ces perturbations ?

De toutes les façons, au ministère de l’Éducation nationale, au moment où on parle d'Université virtuelle, de cours à distance, nous avons dans notre sein, un service qui ne s’occupe que des ressources numériques, le dispositif existe avec des cours en mathématiques, en sciences physiques, en philosophie. Le dispositif existe, il est là nous allons voir dès demain comment on peut faire pour avoir des cours en ligne pour les élèves qui sont candidats. Pour les autres élèves, je crois qu'on va aller vers la généralisation comme ça se fait partout dans le monde. Qu'il y ait cette maladie ou non, ce système existait, il suffit de le généraliser.

À la reprise, avez-vous pensé à un dispositif pour accompagner les élèves et le personnel enseignant ?

Il y a une partie des élèves qui a fini de faire ses compositions ; une autre devait commencer le lundi. Alors, ils sont décalés. À la reprise, on va encore donner aux élèves une semaine avant de passer aux compositions. Mais toujours est-il ce que nous mettrons en place dès demain, nous permettra de faire face à cette semaine de cours perdus et également anticiper parce qu'on ne connaît pas encore les derniers développement de cette maladie. Nous sommes actifs,nous sommes prêts, pour trouver des réaménagements à faire et s'il faut aller vers la modification du décret qui fixait l'année scolaire, peut être on va y aller. Mais pour le moment, on n'en est pas là. Pour le moment nous gérons la situation telle qu’elle se présente.

Quel appel lancez-vous aux parents d’élèves ?

Je voudrais terminer pour saluer l'ensemble des dispositions prises par le président de la République (…) Nous continuons à lancer un appel extrêmement important. Nous sommes dans une dynamique de continuité pédagogique. Les enfants devraient continuer à suivre les cours à distance. C'est pas le moment de les laisser aller vers des rassemblements. Donc contrôlez, soyez vigilants, soyez actifs, soyez à l'écoute parce que la transmission de la maladie est extrêmement fulgurante et je crois que tout le monde doit être conscient de ça, et se dire que les décisions prises avec une bonne équipe installée au ministère de la santé, nous avons ce qu'il faut pour résister, pour éliminer ce qui existe déjà. Donc ayons confiance aux responsables, aux techniciens de la santé pour que le Sénégal sorte de cette maladie...

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