">

Le Nobel, Donald Trump et le nucléaire

09 - Octobre - 2017

Editorial. En envisageant de remettre en cause l’accord sur le nucléaire iranien, le président des Etats-Unis risque d’ajouter une irresponsabilité à d’autres…

Editorial du « Monde ». La semaine qui s’ouvre est une semaine à risques pour la prolifération nucléaire. Au moment où le prix Nobel de la paix 2017 vient de saluer la lutte contre l’arme atomique en couronnant l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN), Donald Trump doit annoncer, d’ici au 15 octobre, sa décision de respecter ou non l’accord restreignant le programme nucléaire iranien. Il n’en va pas seulement de la parole des Etats-Unis. L’enjeu est plus large et tient en une question : combien de nouvelles puissances nucléaires dans les années à venir ?
Lire aussi : Donald Trump proche d’un revirement majeur sur l’Iran
L’accord en question a été conclu à Vienne le 14 juillet 2015, après deux ans de négociations, qui ont réuni sept partenaires : d’un côté, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie – plus l’Allemagne ; de l’autre, l’Iran. Il lève les sanctions internationales et bilatérales décidées ces dernières années à l’encontre de la République islamique pour violation manifeste de ses obligations au regard du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP, dont l’Iran est membre). En contrepartie, Téhéran a démantelé une partie de son programme et a accepté que l’ensemble soit placé sous strict contrôle international.
Comme le Congrès, dominé par les républicains, était, à l’époque, opposé à cet accord, promu avec insistance par Barack Obama, les élus imposent à la Maison Blanche de « certifier », ou non, tous les trois mois, que les Iraniens en respectent les termes. Pentagone, département d’Etat, services de renseignement, toute l’équipe de sécurité de M. Trump ne cesse de lui garantir que l’Iran applique le texte de Vienne et qu’il faut s’y tenir.
Le président a dû déjà « certifier » deux fois la bonne conduite de Téhéran, mais cela heurte son ego – qui est important. Elément-clé dans cette affaire, M. Trump s’estime ridiculisé puisqu’il n’a cessé depuis 2016 de qualifier cet accord de catastrophique. Sans jamais dire pourquoi. Il entend docilement suivre la ligne des deux alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et Israël, tous deux opposés à l’Iran et à l’accord de Vienne. Le plus probable est que M. Trump amorce une politique destinée à torpiller l’accord, sans prendre le risque d’en sortir formellement. S’il agissait ainsi, M. Trump affaiblirait l’impact de Vienne. Il renforcerait le camp des « durs » à Téhéran, ouvrant la porte à une reprise éventuelle de la partie militaire du programme iranien. A tout le moins, il ébranlerait un peu plus encore le régime de non-prolifération.
Celui-ci est déjà mal en point, avec quatre pays, non-membres du TNP, qui, en violation du droit international, ont développé des armes nucléaires : Corée du Nord, Inde, Israël, Pakistan. C’est justement cet effritement de la non-prolifération que dénonce, à juste titre, la coalition militante, l’ICAN. Elle a obtenu la signature de 122 Etats membres de l’ONU sur 192 au bas d’un projet de traité décrétant l’interdiction des armes nucléaires.
Cette démarche relève sans doute du vœu pieux. Aucun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité ne renoncera au monopole de l’arme nucléaire que le TNP leur confère. Mais les signataires pointent le fait que les « Cinq » ne respectent pas leur part du TNP, qui leur impose de diminuer leur arsenal nucléaire – ce qu’ils ne font plus depuis quelques années. Le sabotage de l’accord de Vienne par M. Trump ne ferait qu’ajouter à cette irresponsabilité.

Autres actualités

22 - Avril - 2020

En Argentine, le défi du confinement dans les bidonvilles

Il n’aura fallu que quelques semaines pour bouleverser le quotidien de la paroisse San Juan Bosco, située au cœur du bidonville La Carcova. En cuisine, les...

22 - Avril - 2020

Coronavirus : en frappant « vite et fort », la Nouvelle-Zélande espère éradiquer la pandémie

La Nouvelle-Zélande pourrait être en train de gagner son pari contre la propagation du Covid-19. Mardi 21 avril, un mois après que la première ministre, Jacinda Ardern,...

21 - Avril - 2020

Près de 135 millions de personnes dans 55 pays étaient au bord de la famine en 2019

Les crises s’empilent. Le rapport mondial sur les crises alimentaires 2020, publié mardi 21 avril par l’Organisation des Nations unies (ONU), met en garde. Si les conflits sont...

21 - Avril - 2020

Au Royaume-Uni, les banques alimentaires font face à une demande sans précédent

ReportageUn million et demi de Britanniques ont passé au moins une journée sans manger depuis le début du confinement, le 23 mars. La nef de St Margaret the Queen est...

20 - Avril - 2020

L’armée du Lesotho rentre dans ses casernes, inquiétude à l’étranger

L’armée du Lesotho est rentrée, dimanche 19 avril, dans ses casernes, au lendemain de l’opération ordonnée par le premier ministre Thomas Thabane pour...