Le premier ministre a l’assemblée L’OPPOSITION SOLDE SES COMPTES

06 - Décembre - 2017

L’opposition dite «significative», n’a pas raté le régime du président Macky Sall, lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre (Pm), Mahammed Boun Abdallah Dionne hier, mardi 5 décembre. En effet, les parlementaires du groupe de l’opposition «Liberté et démocratie», tout comme certains non-inscrits ont cloué au pilori la politique menée par Macky Sall et son gouvernement.

L’Assemblée nationale a servi hier, mardi 5 décembre, de cadre d’expression pour l’opposition dite «significative» qui a rejeté le dialogue politique initié par le régime du président Macky Sall. En effet, les députés issus des coalitions Mankoo Taxawu Senegaal (Mts) et de Wattu Senegaal, ainsi que certains parlementaires non-inscrits ont saisi ladite occasion pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement. Répondant ainsi au Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, qui soutient que «le Sénégal est bien en mouvement», l’ancien ministre de la communication sous Wade, Moustapha Guirassy pense plutôt que «vous (gouvernement) ne bougez pas». Pour le député de Kédougou, tous les programmes de l’Etat ne sont pas «fonctionnels». S’attaquant à la politique de territorialisation des politiques publiques de l’Etat, le député trouve que, contrairement à ce que soutient le Pm, «tout se résume à Dakar».

Plus acerbe dans ses critiques contre le régime en place, le député non-inscrits, non moins patron du parti Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko a trouvé que le gouvernement «n’a pas le courage politique». Pour lui, il y a une absence de politique industrielle, dès lors que les produits sont exportés en leurs états bruts. Il a ainsi estimé que le pays n’a jamais connu autant de scandales avec le régime de Macky Sall et qu’il y a une forte politique de spoliation des terres. Il s’est, en outre, attaqué à la «dette chronique» du pays, non sans s’indigner du projet du Train express régional (Ter). Pis, il a estimé que le Cos/Pétro-gaz mis sur pied par le chef de l’Etat n’est que «du cosmétique». Trouvant, par ailleurs, que les chiffres avancés par le régime ne sont pas «bons», il en a déduit «qu’on en attendait pas plus d’un lion qui dort», pour répondre au chef de l’Etat, Macky Sall qui prévenait aux opposants de «se méfier d’un lion qui dort».

Dans la même dynamique, la question de l’emploi des jeunes, celle de la pauvreté, ainsi que celle des libertés et du dialogue politique ont été évoquées par les opposants. En effet, le jeune député du Parti démocratique sénégalais (Pds), Toussaint Manga s’en est pris à «l’échec de la politique de l’emploi du gouvernement». Lui emboitant le pas, Déthié Fall, député Rewmi, non-inscrit, estime pour sa part que depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir, il n’y a pas de «dialogue sincère». Ce que confirme le président du groupe parlementaire de l’opposition «Liberté et démocratie». Pour Madické Niang, pour qui, le slogan brandi par le régime, notamment «le Sénégal pour tous» n’est en réalité que du «bluff». Selon lui, «le Sénégal est entre les mains de sociétés étrangères» et que les sociétés privées «sont exclues de tous les grands marchés». Il soutient, ainsi, que le PM s’est exprimé pendant 2h 30mn pour «nous faire savoir» qu’ «il a échoué».

REACTIONS DES DEPUTES

CHEIKH BAMBA DIEYE, DEPUTE NON-INSCRITS : «Nous avons un Sénégal à géométrie variable»
«Avant de nous prononcer sur le discours d’aujourd’hui (hier, Ndlr), quel est l’état de la démocratie, quel est l’état du système de gestion globale des affaires publiques durant la période de 2014 à maintenant ? Moi, j’aimerais interpeller le Premier ministre sur le fait que durant les deux dernières années, on a eu les élections les plus chaotiques. Nous avons eu un système politique et électoral complètement en lambeau du fait même que l’Etat du Sénégal s’est hasardé à dépenser 52 milliards de nos francs sans aucun résultat probant. De plus, durant cette période, les libertés individuelles ont été sérieusement malmenées.
De ce point de vue, j’ai posé la question au Premier ministre, lorsqu’il parle de Sénégal par tous et pour tous, où est ce qu’il était lui quand Khalifa Sall et ses droits élémentaires ont été bafoués, quand le règlement intérieur de l’Assemblée a été foulé au pied ? Alors que la justice, est le piédestal de notre état de droit, de la République, la justice est mal en point. La gestion de la justice n’est pas conforme à l’esprit de la Constitution. Parce que, en réalité, si c’est avec la manière avec laquelle l’Etat du Sénégal gère la justice, c’est de cette manière là que l’Etat gère tous les autres aspects de la vie, je crois qu’il y a vraiment des raisons d’être très inquiet (...). Je dis que, ce qui se passe en général, c’est qu’on n’a pas un Sénégal pour tous et de Sénégal de tous les sénégalais. Ce que nous avons, c’est un Sénégal à géométrie variable, qui est plus ou moins intéressant lorsqu’on est près du président de la République, et extrêmement précaire, lorsqu’on est très éloigné».

DETHIE FALL, DEPUTE NON-INSCRIT DE REWMI : «Ce Sénégal là n’offre pas ces perspectives qu’il (Premier ministre) vient de décrire»
«Nous ne sommes pas satisfaits de la déclaration de politique générale du Premier ministre. Tout à l’heure, quand il a fini de parler, je me suis intéressé au pays auquel il faisait allusion. Parce qu’il ne parlait certainement pas du Sénégal que vous connaissez et que je connais. Parce que ce Sénégal là n’offre pas ces perspectives qu’il vient de décrire. Ce Sénégal, c’est un Sénégal qui a quitté un taux de chômage de 10,4% pour être aujourd’hui à un tau de chômage de 12,4%. Notamment une progression de 2%. Ce Sénégal là, c’est un Sénégal qui a connu en 2011, 6.300.000 pauvres et qui aujourd’hui en connait 6.800.000 pauvres. Donc, une évolution de 500.000 pauvres, alors qu’ils avaient promis 500.000 emplois.
C’est pour dire que franchement, les chiffres qu’il est en train de présenter, reflètent très mal ce que les sénégalais vivent quotidiennement. Vous-même, avec moi, je suis persuadé que vous étiez étonné qu’il parle de ce Sénégal là. Donc, il n’a qu’à se rappeler de ce qu’Abraham Lincoln avait dit : «on peut tromper une partie du peuple tout le temps, ou le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps». Donc, ils n’ont qu’à parler de choses vraies et être sur les vrais chantiers et arrêter les verbes et passer aux pierres qu’il a posé dans toutes les villes et depuis lors les populations attendent la réalisation de ces pierres après les conseils décentralisés».

MAME BOUNAMA SALL, DEPUTE DE BBY : «Nous pouvons lire une très grande clairvoyance politique qui renseigne sur...»
«Je pense que c’est un rituel républicain. Aujourd’hui, nous sommes en train de vivre une tradition républicaine consistant à convier un Premier ministre pour venir s’expliquer auprès des élus du peuple. Cela est d’autant plus pertinent qu’au dernier référendum, les missions de l’Assemblée nationale ont été renforcées. Parce qu’aujourd’hui, nous avons la charge d’évaluer les politiques publiques de l’Etat. Par conséquent, celui là qui sera appelé demain à être évalué se doit, à l’entame de sa responsabilité, de venir décliner sa feuille de route et la confronter avec nous qui sommes en contact permanent avec la population pour voir concrètement l’impact de ces politiques auprès des populations. Au regard de ce que le Premier ministre a délivré aujourd’hui comme message, nous pouvons lire une très grande clairvoyance politique qui renseigne sur sa compréhension des attentes des populations. Mais, également, sa capacité à trouver les voies et moyens par lesquels, il pourrait travailler à améliorer davantage les conditions de vie des sénégalais et des sénégalaises.
J’invite l’opposition à s’inspirer de la démarche du président Ousmane Tanor Dieng. Quand il était dans l’opposition et que cette opposition d’aujourd’hui était au pouvoir, il avait inauguré une nouvelle manière de faire de l’opposition par l’opposition républicaine. Je demande à cette opposition de faire preuve de responsabilité. Parce que ce n’est pas seulement en étant au pouvoir qu’on peut travailler pour le peuple. Dans l’opposition, par une capacité de critiques objectives, doublée d’une capacité de proposition de solutions de sortie de crise, cela peut constituer une belle opportunité pour l’opposition de travailler pour le peuple. C’est pourquoi, je les invite à s’approprier de ce concept rassembleur, parce qu’après tout, nous sommes dans une même Nation et nous avons comme seule ambition de servir le Sénégal. Quand ils étaient au pouvoir, ils ont eu à convier l’opposition à des discussions et cette dernière a toujours répondu favorablement. Je pense qu’il est bien qu’ils se ressaisissent encore qu’il est temps. Parce que nous allons vers des élections très importantes et que tout cela ne saurait se faire et s’organiser autour d’une table de négociation»

MOUSTAPHA GUIRASSY, DEPUTE DU GROUPE LIBERTE ET DEMOCRATIE : «C’est une frilosité, un manque de courage dans les changements qui s’imposent»
«Ce que j’ai relevé, c’est une frilosité, un manque de courage dans les changements qui s’imposent. Lorsqu’on parle de territorialisation, on s’attend en réalité à un changement radical de paradigme. C’est-à-dire que chaque région, en fonction de sa spécificité, de ses atouts, qu’on puisse consentir de façon généreuse aux investissements qui s’imposent pour transformer non seulement le visage de ces régions, mais du Sénégal en général. Or, jusqu’ici, comme le colon l’avait fait et comme les anciens gouvernements l’avaient fait, c’est-à-dire qu’on reste encore captif de cette nécessité d’investir lourdement dans la grande capitale et aux alentours et laisser en rade l’intérieur du pays. Il ne s’agit pas, par le Pudc, ou par le Promo-ville, de temps en temps d’amener de l’eau ou de l’électricité. Je pense que lorsqu’on parle d’émergence, on doit aller plus loin. Il s’agit d’options fortes de développement et d’émergence. Il s’agit réellement de partir du terroir, de la spécificité qu’offre le terroir, pour concevoir un plan de développement lié à ce terroir, mais aussi qui a un impact très fort pour le grand tout.
Lorsque je prends, par exemple, le secteur privé national, on sent en fait qu’il n’y a pas une forte implication. Or, l’émergence c’est l’émergence d’hommes aussi, d’acteurs très forts qui sont soutenus et qui participent à la transformation. Or, quand je prends une région comme la mienne (Kédougou), dans le secteur minier, on ne peut pas identifier un seul de cette région qui est un acteur majeur dans le secteur minier et dans d’autres secteurs aussi. Ce que je dis là, on peut aussi trouver les mêmes difficultés dans d’autres régions. Donc, ce manque d’engagement très fort, cette continuation de cette erreur qui a retardé les pays africains, c’est ce que je continue de voir. Les investissements ont été tellement lourds, tellement importants à Diamniadio. Je me dis que l’arbitrage aurait été fait autrement, on serait dans une dynamique beaucoup plus englobante, beaucoup plus impactante, beaucoup plus inclusive qu’on ne le vit actuellement».

SITUATION DELPORABLE DES MIGRANTS EN LYBIE : Dionne «accuse» Wade et ses pairs d’alors
La question de la vente de migrants africains issus de pays Sub-saharien en Lybie, est revenue à maintes reprises lors du passage à l’Assemblée nationale du Premier ministre (Pm), Mahammed Boun Abdallah Dione, lors de sa déclaration de politique générale. Une question qui a fini par agacer le PM qui a répondu aux détracteurs du régime en place qui rejettent la faute sur l’échec des politiques de développement de l’Etat actuel. Tout d’abord, le PM a fait savoir que le président Macky Sall n’a pas attendu que ce qui se passe en Lybie soit connu de tous, pour réagir. Mieux, il a indiqué que le régime actuel n’a pas attendu ni la Cedeao, ni l’Union africaine, pour ramener au Sénégal plus de 2500 jeunes de la Lybie, sans tambours, ni trompettes.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a semblé rejeter la faute sur les chefs d’Etat africains, Abdoulaye Wade y compris, qui étaient pour le départ de Kadhafi de la tête du pays. Pour lui, il est possible pour une personne de vivre dans un Etat dictatorial, mais impossible pour quelqu’un de vivre dans un pays sans Etat. Donc, il a fustigé la précipitation avec laquelle la décision de bouter hors de la Lybie, Kadhafi avait été prise par les chefs d’Etat africains.
Cela, à son avis, «sans penser aux conséquences futures». Par conséquent, il a botté en touche toute responsabilité du président Macky Sall dans tout ce qui se passe en Lybie.
Répondant, en outre, aux députés de l’opposition, qui ont déploré un manque de dialogue au Sénégal, depuis l’avènement du président Macky Sall au pouvoir, le PM a fait savoir que le président Macky Sall est un «homme de dialogue». Estimant que le dialogue doit être «évolutif», il a invité l’opposition à faire confiance à Macky Sall, via son ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, en charge dudit dialogue. Taclant Madické Niang et sa bande, il a indiqué que «la politique de la chaise vide n’a jamais réglé quelque chose», non sans inviter les récalcitrants au dialogue à venir prendre part aux concertations.

POUR TRANSCENDER LES DEFIS QUI ATTENDENT LE PAYS : Mahammed Boun Abdallah Dionne appelle à l’unité
Face aux parlementaires hier, mardi 5 décembre, à l’occasion de sa Déclaration de politique générale (DPG), le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne a indiqué que le Sénégal a besoin d’une forte mobilisation pour conforter la dynamique d’émergence. Par conséquent, il a réitéré la volonté du gouvernement à dialoguer et à trouver des consensus avec l’ensemble des acteurs.

Est-ce un appel du pied qui a été fait été à l’ensemble des acteurs du pays, plus précisément les acteurs politiques, par le Premier ministre, dans un climat politique relativement tendu ? Tout porte à le croire au vu du discours de politique générale tenu par Mahammed Boun Abdallah Dionne hier, mardi 5 décembre, face aux députés. En effet, le PM a fait savoir que «plus que jamais, nous avons besoin d’une forte mobilisation nationale pour conforter la bonne dynamique d’émergence que nous avons impulsée, pour un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous».

Pour montrer la bonne foi du régime en place, M. Dionne a réitéré la volonté du gouvernement de mener des discussions avec toutes les franges de la Nation. Il dira, à cet effet : «je réitère donc, ici, l’engagement solennel du Gouvernement au dialogue et à la concertation avec les partenaires sociaux, le secteur privé, la société civile et les acteurs politiques, car je sais, qu’au-delà de nos quelques divergences, nous partageons tous la même passion pour le Sénégal ; un Sénégal que nous voulons tous uni, prospère et solidaire».
Toutefois, le PM a appelé les Sénégalais à taire leurs divergences pour être à même de relever les défis qui attendent le pays. Il estime ainsi que «c’est dans notre tréfonds culturel, notre fond commun de valeurs partagées que nous puiserons toute la force nécessaire pour transcender tous les défis». En effet, il croit fermement que dans l’unité, rien ne résistera aux Sénégalais. Il indique, sur ce point que «pour un Peuple uni, confiant en ses capacités, un Peuple résolu à réaliser ses ambitions, il n’y a pas d’obstacles insurmontables».

Parlant, par ailleurs, de la situation au plan national, Mahammed Boun Abdallah Dionne s’est réjoui des performances du pays. Il trouve ainsi que «notre pays, le Sénégal est bien en mouvement». Ce mouvement se traduit, à son avis, par une économie qui se porte mieux depuis «l’adoption du Plan Sénégal Émergent, avec des performances fort appréciables et parfois inédites au plan macroéconomique, sectoriel et social».

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