Le président sud-africain Jacob Zuma démissionne avec « effet immédiat »

15 - Février - 2018

près des semaines de tractations et de réunions, le chef de l’Etat, empêtré dans des scandales de corruption, a finalement cédé aux pressions de son parti, l’ANC.

Jacob Zuma lors de l’annonce de sa démission de la présidence de l’Afrique du Sud, à Pretoria, le 14 février. Crédits : PHILL MAGAKOE / AFP
Et tout s’écroula dans un ensemble parfait. Plus d’alliés, plus de prise sur l’appareil d’Etat : Jacob Zuma a assisté en direct à l’extinction de son pouvoir, mercredi 14 février. La veille, son parti, l’ANC (Congrès national africain), lui avait enjoint de démissionner de son poste. Curieusement, l’homme qui avait régné dix ans sur cette formation avait d’abord paru décontenancé. Puis, comprenant le caractère irréversible de la décision, le président de la République, selon une bonne source, était entré dans une « colère monstrueuse ».
Il lui fallait non seulement céder, mais le déclarer depuis la présidence dans la matinée, en jouant la comédie de la modestie et de la discipline. Résister ? Au même moment, une descente de police avait lieu à une soixantaine de kilomètres de là, à Johannesburg, visant la résidence et les bureaux des frères Gupta, hommes d’affaires d’origine indienne auxquels Jacob Zuma avait, des années durant, ouvert en grand les portes de l’Etat.
Sous sa protection, les Gupta avaient joui d’une splendide immunité, élaborant une « capture d’Etat » qui pourrait avoir coûté des milliards de rands (des centaines de millions d’euros) à l’Afrique du Sud. Depuis leur salon, les frères nommaient des ministres, organisaient des raids sur les entreprises publiques. Pas un juge n’aurait osé toucher à un de leurs cheveux. Et voilà qu’on lançait une opération policière chez eux. Très mauvais présage pour le futur du président.
Pendant quelques heures, Jacob Zuma se contente d’abord de voir rouge. Déjà, il fait annuler sa déclaration officielle Puis, dans l’après-midi, il apparaît subitement à la télévision nationale, où il se livre à un simulacre d’entretien – on pouvait voir trembler les lèvres du journaliste qui tentait de poser quelques questions.
Un discours qui s’achève sur une menace
Il dévoile en réalité les grandes lignes d’un monologue intérieur inquiétant, affirme ne pas comprendre pourquoi il lui faudrait démissionner. Suggère aussi qu’on lui donne du temps, d’abord trois, puis six mois, pour présenter le nouveau chef de l’ANC, Cyril Ramaphosa, aux présidents d’Afrique et des BRICS, comme si son tombeur avait besoin qu’on lui tienne le bras à son premier bal. M. Zuma « cherchait à obtenir une formule de sortie, comme si rien ne s’était passé, pour pouvoir dans le futur faire la tournée des présidences et tenter de monnayer des services de luxe, en tant qu’ex-président. Il se voyait un peu en Tony Blair », dit avec étonnement une source bien informée.

Autres actualités

05 - Août - 2019

En Nouvelle-Zélande, le gouvernement veut décriminaliser l’avortement

Le projet de loi était attendu de longue date. Le gouvernement néo-zélandais a publié lundi 5 août un texte visant à libéraliser...

05 - Août - 2019

Liban : à Chatila, un système D pour soigner réfugiés et exclus

L’attente est longue chez le docteur Samer (le prénom a été changé), un dentiste syrien, dans le camp palestinien de Chatila, encastré dans une banlieue...

03 - Août - 2019

Afghanistan : le conflit est de plus en plus meurtrier

Le nombre de victimes du conflit afghan a fortement augmenté en juillet, avec plus de 1 500 civils tués ou blessés, rapporte le chef de la Mission d’aide des Nations...

03 - Août - 2019

Pyongyang opte pour la stratégie du tir

En enchaînant les tirs de « projectiles », la Corée du Nord ne contribue pas, en apparence, à sortir de l’impasse les négociations sur la...

02 - Août - 2019

Brexit : Bruxelles inflexible après la visite du négociateur britannique

Rendez-vous à Biarritz, du 24 au 26 août : c’est à l’occasion du sommet des pays membres du G7 que, peut-être, un progrès significatif sera...