Le retour en grâce de la monarchie saoudienne auprès des Etats-Unis

22 - Mai - 2017

Le retour en grâce de la monarchie saoudienne auprès des Etats-Unis

La visite de Donald Trump à Riyad, qui s’est achevée dimanche 21 mai, constitue un succès politique indéniable pour la monarchie saoudienne. Dans son discours devant une cinquantaine de représentants de pays arabes et musulmans, le président américain a offert à ses hôtes tous les gages qu’ils attendaient : une diatribe anti-Iran, qui enterre le rapprochement avec Téhéran amorcé par Barack Obama ; des imprécations antidjihadistes, qui passent sous silence les racines de ce phénomène, notamment le rôle délétère du wahhabisme, le courant de l’islam ultrarigoriste en vigueur dans le royaume ; et des louanges pour les Saoud, qui, au motif d’éviter les « leçons de morale », évacuent la question des droits de l’homme.

Oubliées les diatribes du candidat Trump contre le pays qui « veut asservir les femmes et tuer les homosexuels », une formule postée par le républicain sur sa page Facebook pendant la campagne présidentielle. Pour le nouveau locataire de la Maison Blanche, l’Arabie saoudite est désormais ce « magnifique » royaume, plein de « grandeur », « qui sert de gardien des deux lieux les plus saints de l’islam ».

« C’est le rouleur compresseur, s’exclame un homme d’affaires occidental installé à Riyad. Le réalignement stratégique des Etats-Unis sur l’Arabie saoudite est très fort. » Un revirement préparé par six mois de discussions et de lobbying intensif. « Trump a été investi président le 20 janvier à 12 heures, et à 12 h 05 précisément, notre invitation à venir à Riyad parvenait sur son bureau, raconte un diplomate saoudien. Le roi Salman lui a parlé lui-même à deux reprises avant son arrivée. »

Une débauche de moyens ahurissante

L’opération séduction s’est prolongée sur place, dans une débauche de moyens ahurissante : défilé de Harley Davidson dans les rues de Riyad ; match de football entre les Cosmos de New York et Al-Hilal, l’équipe phare du championnat saoudien ; illumination XXL du Ritz Carlton, l’hôtel hébergeant la délégation américaine ; lâcher de ballons géants peints aux couleurs des pays arabes, etc. « D’un point de vue médiatique et politique, on a marqué beaucoup de points, estime le diplomate saoudien. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. »

De fait, le raidissement rhétorique de Donald Trump vis-à-vis de l’Iran ne préjuge pas de ce que les Etats-Unis feront sur le terrain face à Téhéran, que ce soit en Syrie, en Irak ou au Yémen. « George W. Bush avait lui aussi placé l’Iran dans l’axe du Mal, mais sur les dossiers irakien et afghan, il avait fini par travailler avec Téhéran », fait remarquer Ibrahim Fraihat, directeur du Doha Institute, basé au Qatar.

La doctrine Trump paraît encore plus fragile sur la question djihadiste. « Le terrorisme ne surgit pas ex nihilo, argue Ibrahim Fraihat. Il est la conséquence de multiples facteurs comme le sous-développement, les dictatures arabes, le bain de sang en Syrie, l’occupation de la Palestine. Il est illusoire d’imaginer défaire Daech [l’acronyme arabe de l’Etat islamique] sans s’attaquer à ces raisons de fond. » Aussi éclatant soit-il, le succès saoudien pourrait donc être de courte durée.

Autres actualités

28 - Décembre - 2017

En une journée, 68 civils meurent sous les bombes saoudiennes au Yémen

« Ces incidents montrent le manque total de considération pour la vie humaine de tous les belligérants, y compris la coalition menée par l’Arabie saoudite...

28 - Décembre - 2017

« Il faut s’attendre à des jours de braise et de colère à Jérusalem »

Christophe Ayad, chef du service international du « Monde », revient sur la faible mobilisation palestinienne après la reconnaissance par Trump de la ville sainte comme...

27 - Décembre - 2017

La Russie perd le contact avec un satellite angolais lancé mardi

Ce nouvel échec, s’il se confirme, serait embarrassant pour le secteur spatial russe, un mois après la perte d’un autre appareil et après deux ans de multiples...

27 - Décembre - 2017

Présidentielle au Honduras : l’opposition dépose un recours pour fraude

Le scrutin, qui a donné officiellement vainqueur le conservateur Juan Orlando Hernandez le 26 novembre, avait été vivement contesté, et d’importantes...

26 - Décembre - 2017

De Mossoul à Rakka, les civils comptent leurs morts

« Après le califat » (1/5). Enquête en cinq volets sur les régions d’Irak et de Syrie qui ont vécu sous le joug de l’organisation Etat...