Leçons autrichiennes : le populisme européen est toujours actif

19 - Octobre - 2017

Le chef de file des conservateurs chrétiens Sebastian Kurz doit prendre une décision difficile : s’allier ou non avec une extrême droite contemptrice de l’UE ?
Sebastian Kurz au palais présidentiel autrichien à Vienne, le 17 octobre. 
Editorial du « Monde ». La leçon des élections générales en Autriche, dimanche 15 octobre, tient en une phrase : le populisme européen est toujours actif. La vague protestataire – eurosceptique et anti-immigration – que connaît l’Europe depuis quelques années ne meurt pas. Sebastian Kurz, l’homme de 31 ans qui, à la tête des conservateurs chrétiens (ÖVP), doit former le prochain gouvernement à Vienne, en sait quelque chose.
M. Kurz va devoir prendre une décision difficile et qui intéresse toute l’Union européenne (UE). Faut-il accepter de gouverner avec l’extrême droite, le Parti de la liberté (FPÖ) de Heinz-Christian Strache ? Contempteur de l’UE, dénonçant des flux migratoires qui bouleverseraient l’équilibre démographique du pays (8,7 millions d’habitants), le FPÖ, à occurrences régulières, a du mal à faire oublier cette double vérité : il a un passé nazi et certains de ses militants flirtent avec l’antisémitisme.

Le scrutin de dimanche pose une équation politique délicate à résoudre. Le parti de M. Kurz recueille 31,6 % des suffrages ; les sociaux-démocrates de Christian Kern 26,9 % ; en troisième position, le FPÖ réalise l’un de ses meilleurs scores, avec 26 % des voix. Reconduire l’une de ces coalitions droite-gauche qui gouvernent le pays depuis soixante-dix ans, c’est ne pas tenir compte de la lassitude qu’elles provoquent dans l’électorat. Nombre d’Autrichiens y voient un « système » politique devenu dysfonctionnel, usé et relevant d’une reproduction élitiste incestueuse. La reconduction d’une telle coalition pourrait gonfler plus encore l’audience de l’extrême droite.
L’opinion s’inquiète
Mais s’allier avec celle-ci – comme ce fut le cas en 2000 – est une affaire lourde de périls à venir. Le passé du FPÖ lui colle à la peau. Le rejet de l’UE est l’un des éléments-clés de son ADN. Il exploite à plaisir, non sans relents xénophobes, le thème de l’immigration. L’Autriche a été accueillante, lors des guerres des Balkans, et l’un des pays les plus ouverts au moment de la vague d’immigration moyen-orientale de 2015. Mais l’opinion s’inquiète. M. Kurz lui-même a dû singulièrement durcir son discours sur l’immigration pour arriver en tête. En réclamant le ministère de l’intérieur, le FPÖ ne lui facilite pas la tâche. 

Autres actualités

07 - Novembre - 2019

Macron juge l’Europe au « bord du précipice » et l’OTAN en état de « mort cérébrale »

Le président français s’inquiète de la « fragilité extraordinaire de l’Europe », qui « disparaîtra » si elle ne « se...

07 - Novembre - 2019

Un site de Total utilisé comme prison au Yémen

Sur la route côtière qui lie l’est du Yémen au reste du monde, le long du golfe d’Aden, l’usine de Balhaf a des allures de vaisseau spatial à...

06 - Novembre - 2019

En Syrie, plusieurs morts lors de raids de la Russie et du régime dans le Nord-Ouest

Huit civils ont été tués, mercredi 6 novembre, dans le nord-ouest de la Syrie lors de raids menés par l’aviation russe et le régime de Bachar Al-Assad, a...

06 - Novembre - 2019

Retour sur la naissance d’un djihad paysan dans le centre du Mali

Le visage dissimulé sous un épais turban, il sillonne les rues de Mopti avec sa charrette à deux roues. Anonyme, il se fond dans la foule de commerçants et de badauds....

05 - Novembre - 2019

En Turquie, deux journalistes condamnés puis libérés

Incarcérés en 2016, condamnés à la perpétuité en 2018, une décision cassée en juillet, les journalistes turcs Ahmet Altan et Nazli Ilicak...