Les ambitions réalistes de Jean-Claude Juncker pour l’Europe

14 - Septembre - 2017

Prononçant le traditionnel discours annuel sur l’état de l’UE devant le Parlement européen, le président de la Commission de Bruxelles a esquissé, mercredi, une manière de synthèse dont Allemands et Français pourraient bien s’inspirer.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude, au Parlement de Strasbourg le 13 septembre. Jean Francois Badias / AP
Editorial du « Monde ». Entre le lyrisme européen d’Emmanuel Macron et la prudence comptable d’Angela Merkel sur le sujet, il y a la voie de Jean-Claude Juncker : le réalisme inspiré. Le Luxembourgeois, qui préside la Commission de Bruxelles, a, mercredi 13 septembre, asséné quelques solides vérités sur l’état de l’Union européenne (UE). Elle ne va pas si mal, elle va compter dans le monde de demain, cette Europe trop décriée. Elle est plus nécessaire que jamais, pour peu qu’elle sache retrouver la confiance des peuples du Vieux Continent.
Les 7 et 8 septembre à Athènes, le président français a renoué avec un enthousiasme européen qui faisait chaud au cœur. Depuis François Mitterrand, aucun des prédécesseurs de M. Macron n’avait esquissé l’avenir de l’UE avec autant de dynamisme. L’ambition est de bâtir un ensemble qui protège et crée, dans la continuité d’une culture humaniste, qu’il faut entretenir plus que jamais, parce qu’elle est le socle de la singularité européenne.
Lire aussi : Macron esquisse à Athènes sa relance de l’Europe
On sait l’approche allemande plus ancrée dans le réel des contingences économiques et financières, moins flamboyante mais tout aussi nécessaire : l’UE doit être un pôle de compétitivité dans une économie mondiale qui restera globalisée. Au lendemain des élections allemandes, le 24 septembre, Berlin et Paris doivent proposer une feuille de route des réformes européennes à accomplir.
Prononçant le traditionnel discours annuel sur l’état de l’UE devant le Parlement européen, M. Juncker a esquissé, mercredi, une manière de synthèse dont Allemands et Français pourraient bien s’inspirer. Mais il a commencé par un rappel salutaire. Même avec les disparités existant entre ses membres, l’UE est depuis cinq ans sur le chemin de la reprise. Ces deux dernières années, l’activité y a été plus forte qu’aux Etats-Unis : plus de 2 % pour l’ensemble de l’UE, et mieux encore pour la zone euro, avec 2,2 % – autant pour les éternels contempteurs de la monnaie Protéger les Européens
La baisse des déficits publics est continue. Le niveau de l’investissement est porté par le plan de relance de M. Juncker – 225 milliards d’euros –, qui a profité à 445 000 PME et nourri plus de 270 projets d’infrastructure. Quelle différence avec ces dernières années, où tout semblait figer l’UE dans l’anémie économique et l’impuissance politique face aux problèmes de l’heure ! L’Europe est de retour, n’en déplaise aux éternels esprits chagrins, qui, particulièrement en France, se complaisent dans des fantasmes de repli hexagonal ressassés sur le ton d’un long lamento existentiel.
M. Juncker a une approche différente de celle de M. Macron sur la réforme de la zone euro. Il n’en propose pas moins de simplifier les institutions de l’UE, de rendre du pouvoir aux Etats, de faire avancer l’harmonisation fiscale. Il partage l’approche française sur le maintien de normes sociales élevées pour les travailleurs ; il redit sa volonté de doter l’UE d’un instrument de contrôle des investissements directs – notamment chinois – sur son territoire : dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de protéger les Européens.
Lire aussi : Le plan Juncker pour protéger l’Europe des appétits étrangers
M. Juncker ne nie aucun des gros problèmes que connaît l’UE, notamment la ligne de fracture qui se creuse entre l’ouest et l’est du continent, sur la question de la démocratie et sur celle de l’immigration. Il a le mérite de dire les choses franchement. Cela donne du poids à l’ambition réaliste qui l’anime

Autres actualités

21 - Octobre - 2019

En Belgique, les socialistes entrouvrent la porte à une coalition avec l’alliance néoflamande

Paul Magnette a été élu, samedi 19 octobre, à la présidence du Parti socialiste francophone belge avec 95,4 % des voix. L’ancien ministre-président...

20 - Octobre - 2019

La contestation gagne de l’ampleur au Liban, pour la quatrième journée de manifestations

De plus en plus nombreux, des centaines de milliers de Libanais ont manifesté, dimanche 20 octobre, dans une ambiance festive pour réclamer, du Nord au Sud du pays, le départ...

19 - Octobre - 2019

Au Mexique, la libération forcée d’un fils d’« El Chapo » embarrasse le gouvernement

La polémique ne cessait d’enfler au Mexique au lendemain de la libération, jeudi 17 octobre, d’un des fils du célèbre narcotrafiquant Joaquin Guzman, alias...

19 - Octobre - 2019

En RDC, l’Eglise catholique se lance dans la bataille anticorruption

C’est un nouveau combat qu’entame Isidore Ndaywel e Nziem, 75 ans, intellectuel respecté, à la tête du Comité laïc de coordination (CLC). Ce collectif...

18 - Octobre - 2019

Brexit : le miracle de Bruxelles se reproduira-t-il à Westminster ?

Un petit miracle a eu lieu, jeudi 17 octobre à Bruxelles. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, est parvenu, en une semaine à peine de négociations, à...