Les Européens sont divisés sur l’opportunité de nouvelles sanctions contre l’Iran

20 - Mars - 2018

our sauver l’accord nucléaire, contesté par Trump, Paris, Londres et Berlin durcissent le ton.

Le ministre polonais des affaires étrangères, Jack Czaputowicz, et son homologue allemand, Heiko Maas, le 19 mars à Bruxelles. Virginia Mayo / AP
Les Européens « chantent à plusieurs voix, mais la même chanson ». La formule de la haute représentante Federica Mogherini résume, de manière un peu optimiste, ce qui s’est, une fois encore, déroulé lundi 19 mars, à Bruxelles, lors d’une réunion des ministres des affaires étrangères. Confrontée au risque de voir Donald Trump remettre en cause l’accord international conclu à Vienne, en 2015, sur le programme nucléaire de l’Iran, l’UE entend tout faire pour sauver ce texte mais se divise sur la stratégie pour – peut-être – y parvenir.
D’un côté, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne évoquent des sanctions à prendre contre Téhéran, pour son soutien au régime syrien et aux rebelles houthistes du Yémen, qui sont en guerre contre une coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite. Paris, Londres et Berlin, qui tentent visiblement de convaincre Washington de leur fermeté, disent aussi partager les inquiétudes américaines quant au programme iranien de missiles balistiques, contraire, selon eux, à la lettre et à l’esprit de l’accord de Vienne.

« Leur portée est plus longue, plus précise, plus létale que prévu », affirme un diplomate, qui juge en outre « inquiétant » le transfert de cet armement à « des acteurs étatiques et non étatiques » de la région. « Nous ne devons pas exclure la responsabilité de l’Iran dans la prolifération des missiles balistiques et dans son rôle très discutable au Proche et au Moyen-Orient », déclarait, lundi, Jean-Yves Le Drian, qui se disait « déterminé » à s’assurer que l’accord de Vienne était respecté. « Ce doit être discuté pour parvenir à une position commune », soulignait le ministre français.

« Affreuses erreurs »
Celle-ci est loin d’être trouvée. Un régime de sanctions européennes contre l’Iran est toujours en vigueur, mais son renforcement – ce serait le premier depuis 2015 – suppose une unanimité des Vingt-Huit. La signature de l’accord sur le nucléaire – approuvé par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine, la Russie et les Etats-Unis, alors dirigés par Barack Obama – avait entraîné la levée des sanctions économiques. M. Trump a donné aux signataires européens jusqu’au 12 mai pour « réparer les affreuses erreurs » de ce document, faute de quoi il refusera, dit-il, de prolonger l’assouplissement des sanctions américaines contre la République islamique.
Bruxelles prend très au sérieux cette menace qui, affirme Mme Mogherini, comporte un enjeu sécuritaire majeur « pour l’Europe et le monde ». Aux Etats-Unis, Bob Corker, président républicain de la commission sénatoriale des affaires étrangères, a indiqué récemment qu’il ne croyait pas à la prolongation de l’accord. « Je pense que le président en sortira sans doute, à moins que nos homologues européens ne proposent un autre cadre. Et je n’ai pas l’impression que ce soit leur intention », a-t-il déclaré sur la chaîne CBS.
C’est pour tenter d’infléchir des jugements de ce type que Paris, Londres et Berlin ont déposé un document évoquant de nouvelles sanctions, dévoilé par l’agence Reuters, mais dont l’existence n’est pas confirmée par les chancelleries, soucieuses, à ce stade, de ne pas provoquer d’autres divisions dans le camp européen. Certains pays – dont l’Italie – rejettent, en effet, l’hypothèse de nouvelles mesures coercitives. Ils sont soucieux du développement de leurs relations commerciales, d’autant, soulignent-ils que l’Iran n’a pas vraiment bénéficié du programme d’investissements qui lui était promis et que ses exportations de pétrole vers l’Europe n’ont atteint que les trois quarts de leur niveau d’avant les sanctions.
Le projet élaboré par la France et ses partenaires n’a pas été évoqué par Mme Mogherini. Il n’y a « pas de position officielle de l’Union sur de nouvelles sanctions », a-t-elle insisté. Elle est très attachée à l’accord qu’elle a négocié, et soucieuse de maintenir le contact avec la diplomatie iranienne, qui rejette l’idée d’une négociation de son programme balistique, présenté comme purement défensif.

Autres actualités

16 - Février - 2018

Afrique du Sud : les casseroles judiciaires de Jacob Zuma

Dépossédé de son immunité de chef d’Etat et de son pouvoir au sein du parti, le désormais ex-président va être rattrapé par plusieurs...

16 - Février - 2018

Le pouvoir cubain envoie sa police politique aux avocats indépendants

Le gouvernement cubain ne tolère que les juristes à son service. La Havane veut neutraliser les avocats indépendants en activité à Cuba. Deux mois avant la...

15 - Février - 2018

Le président sud-africain Jacob Zuma démissionne avec « effet immédiat »

près des semaines de tractations et de réunions, le chef de l’Etat, empêtré dans des scandales de corruption, a finalement cédé aux pressions de son...

15 - Février - 2018

Etats-Unis : depuis le début de l’année, pas plus de deux jours sans victime dans des fusillades de masse

Avec la fusillade de masse du 14 février à Parkland (Floride), le bilan atteint 82 morts et 139 blessés en… quarante-cinq jours depuis le 1er janvier. Des...

13 - Février - 2018

Le président sud-africain, Jacob Zuma, poussé vers la sortie

Le conseil exécutif de l’ANC s’est accordé pour « rappeler » le chef de l’Etat, qui, comme tout membre du parti, est « déployé...