Les Kurdes syriens négocient leur future autonomie avec Moscou
Les Forces démocratiques syriennes veulent la reconnaissance par Damas de l’autonomie des territoires passés sous leur contrôle à la faveur de la lutte contre l’EI.
Deux soldats kurdes des Forces démocratiques syriennes postés à un point de contrôle entre Kamechliyé et Kobané, à la frontière turco-syrienne, le 15 novembre. LAURENCE GEAI POUR LE MONDE
Aucun départ n’est plus prévu depuis de longues années en gare de Kamechliyé. Des locomotives diesel et leurs wagons rouillent sur des rails qui ne mènent plus nulle part et les voies désaffectées évoquent des trajets que la guerre a rendu inconcevables. Les trains ne roulent plus, mais ceux qui contrôlent la majeure partie de la ville ont trouvé une nouvelle affectation à la gare. Elle abrite les bureaux de l’encadrement politique kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), victorieuses de l’organisation Etat islamique (EI) à Rakka, à 230 kilomètres de ce terminus frontalier de la Turquie.
Perpendiculaires aux voies ferroviaires, les lignes de front continuent de changer dans l’est de la Syrie. Les djihadistes, en déroute, ne contrôlent plus que quelques enclaves désertiques. Au bout du chemin de fer qui part de Kamechliyé, Deir ez-Zor a été reprise par les forces du régime syrien, qui continuent à avancer sur la rive droite de l’Euphrate. Damas a par ailleurs lancé un nouvel assaut sur la localité d’Al-Boukamal, dernier fief de l’Etat islamique sur la frontière avec l’Irak. Les FDS, soutenues par la coalition internationale, s’apprêtent à réduire les dernières poches de l’EI sur la rive gauche du fleuve et se sont déjà emparées des champs de pétrole et de gaz avoisinants. La chute du « califat » de l’EI a enfanté une géographie nouvelle avec laquelle ceux qui occupent l’ancienne gare de Kamechliyé doivent désormais composer.
« En Syrie, il n’y a plus que deux forces qui comptent sur le terrain : nous et le régime, lance le « camarade » Badran, l’un des principaux cadres de l’appareil kurde dans le nord de la Syrie. Soit il y a confrontation et c’est le chaos, soit on ouvre un dialogue en vue d’une solution politique. Nous préférons le dialogue. » Officiellement, l’encadrement politique des FDS, issu de la matrice idéologique et militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actif en Turquie depuis les...