Les migrants bloqués en Libye « ont le choix entre errer en Méditerranée ou mourir bombardés »
Alors que le bombardement aérien d’un centre de détention de migrants près de Tripoli a fait au moins 44 morts et plus de 130 blessés dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 juillet, les solutions manquent cruellement pour évacuer les personnes de ce pays en proie à une situation chaotique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. La situation est devenue encore plus dangereuse depuis le début de l’offensive militaire, le 4 avril, du maréchal Khalifa Haftar contre les forces du gouvernement d’union nationale de Faïez Sarraj.
Autour de 660 000 migrants résident en Libye et si le pays était, pour une partie d’entre eux, une porte d’entrée vers l’Europe, via la Méditerranée centrale, elle s’est considérablement refermée sous l’effet du repositionnement stratégique des groupes criminels et de la montée en puissance des gardes-côtes libyens, à grand renfort de financements européens.
Résultat, les traversées de la Méditerranée sont devenues rares. Depuis le début de l’année, moins de 2 000 personnes sont arrivées de Libye en Europe par bateau et 343 ont perdu la vie en essayant de rejoindre le continent.
La plupart des migrants sont donc bloqués en Libye. Depuis novembre 2017, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a mis en place un mécanisme d’évacuation de ceux qui sont éligibles à une protection internationale, c’est-à-dire à l’asile, par opposition aux migrants économiques. L’initiative était née dans le contexte de la diffusion, par la chaîne américaine CNN, d’images d’une vente aux enchères d’êtres humains près de Tripoli au cours de laquelle une douzaine de migrants faisaient l’objet d’un « marché aux esclaves ».