Les nationalistes écossais mettent en sourdine la revendication de l’indépendance
Les nationalistes écossais mettent en sourdine la revendication de l’indépendance
Au lendemain du vote, Nicola Sturgeon, leader du Parti national écossais (SNP) et première ministre du gouvernement régional, a convenu, pour la première fois, que son insistance sur ce point pouvait être à l’origine de l’hécatombe subie par son parti. « Sans aucun doute, la question du référendum sur l’indépendance a joué dans les résultats, mais il y a d’autres facteurs, comme le Brexit », a-t-elle admis du bout des lèvres.
Mme Sturgeon défend l’idée selon laquelle le vote du Brexit, qui contredit le choix des Ecossais (à 62 % contre la sortie de l’Union européenne), repose la question de l’indépendance et exige l’organisation d’un nouveau référendum. Mais le résultat des élections montre que cette rhétorique n’est pas évidente pour de nombreux Ecossais. Le Brexit n’a pas boosté l’indépendance, qui recueille entre 43 et 47 % d’opinions favorables selon les sondages.
Perte de circonscriptions symboliques
Les partis qui s’opposent au SNP estiment que les nationalistes sont tellement obsédés par l’indépendance qu’ils négligent la gestion quotidienne. « Nicola Sturgeon doit immédiatement abandonner son plan [sur un nouveau référendum] et revenir à son travail, qui est de faire fonctionner des écoles et des hôpitaux », estime Kezia Dugdale, leader du Labour écossais.
Le SNP, ultradominant depuis les élections de 2015, où il avait remporté 56 des 59 sièges représentant l’Ecosse à la Chambre des communes, a perdu jeudi 21 sièges au profit des conservateurs, du Labour et des lib-dem. Il a recueilli 978 000 voix, alors que les trois autres partis, tous hostiles à l’indépendance, en totalisent 1,7 million. La perte des circonscriptions d’Angus Robertson, patron du groupe SNP au Parlement, et surtout d’Alex Salmond, mentor et prédécesseur de Mme Sturgeon, a valeur de symbole.
Pas de deux
Le SNP demeure cependant la première force politique d’Ecosse, avec 37 % des voix. Mais les tories, longtemps marginaux, sont passés de 14 à 29 % des suffrages, tandis que le Labour, autrefois dominant, a repris des forces en passant de 4 à 27 %. Au SNP, rendu très confiant par son hégémonie, l’heure est à ce point aux remises en cause que Mme Sturgeon a annoncé chercher à construire une « alliance progressiste » avec Jeremy Corbyn.