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Les Palestiniens et le défi de la résistance populaire

17 - Avril - 2018

Analyse. Les Palestiniens traversent une crise existentielle. Leur défiance à l’égard de leurs propres dirigeants égale presque leur ressentiment contre l’occupation israélienne, explique Piotr Smolar, le correspondant du « Monde » à Jérusalem.

« La difficulté à mobiliser dans une atmosphère dépressive reste un obstacle majeur en Cisjordanie » (Photo: une jeune fille palestinienne à Gaza, le 16 avril).

Analyse. La nature des rassemblements le long de la bande de Gaza, depuis le 30 mars, n’est pas facile à appréhender. Pas de drapeaux des factions palestiniennes. Pas de service d’ordre. Pas de présence manifeste des groupes armés, notamment celui du Hamas, même si des membres sont là, dans la foule. Pas d’appel à la violence et à un nouveau conflit avec l’Etat hébreu, mais une volonté de faire nombre. L’image promue pour interpeller le monde est celle de manifestants sans armes face à des tireurs d’élite israéliens. Ce récit, qui a remis Gaza sur la carte, est aussi celui d’une trentaine de morts et de centaines de blessés par balles en trois vendredis.
Côté israélien, Gaza est devenu au fil des ans une sorte d’abstraction repoussante. Depuis le désengagement unilatéral décidé par Ariel Sharon en 2005 et l’évacuation des milliers de colons qui y vivaient, il n’y a plus d’interaction directe avec la population. Pour les Israéliens, Gaza est le « Hamasland », la principauté miséreuse sous la férule du mouvement islamiste armé qui souhaite la destruction d’Israël.
Quant aux observateurs étrangers, en dehors de quelques diplomates et autres spécialistes, ils ne s’intéressent à Gaza que dans les moments de crises violentes, notamment les conflits armés avec Israël. D’où la difficulté supplémentaire à percevoir les subtilités de cette émergence, à la fois spontanée et organisée, de la « résistance populaire » dans la bande de Gaza.
Le Hamas a un bilan accablant comme gestionnaire du territoire. Son choix existentiel de la lutte armée n’a aucune perspective, surtout au vu de la supériorité militaire énorme d’Israël. La population gazaouie, épuisée par onze ans de blocus israélo-égyptien, a été transformée en une cohorte d’assistés, faute d’une économie viable.
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