« Les violations des droits de l’homme d’aujourd’hui sont les conflits de demain »
Zeid Ra’ad Al-Hussein, le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, s’inquiète de la menace que représente la montée des dirigeants autoritaires.
Le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al-Hussein, achève son mandat le 1er septembre. Le diplomate jordanien de 54 ans dénonce dans un entretien au Monde « l’ascension continue de l’autoritarisme, la continuation des rhétoriques populistes, les mensonges, les demi-vérités et les tromperies ».
Quelle est la situation des droits de l’homme aujourd’hui dans le monde ?
La pression sur les droits universels est une évidence. Les mécanismes et les lois sur les droits de l’homme doivent être défendus et promus en permanence. Tandis qu’on voit des progrès dans certains pays, comme récemment l’ouverture très encourageante aux droits civils et politiques en Ethiopie, on voit les terribles crimes perpétrés par des groupes extrémistes violents, on voit l’ascension continue de l’autoritarisme, la continuation des rhétoriques populistes, les mensonges, les demi-vérités et les tromperies. On voit la mise en cause de la nature universelle des droits de l’homme. Alors c’est une lutte. L’avancée pour le progrès humain a toujours été une lutte. Et j’ai le sentiment que l’accumulation des crises a atteint un point qui en fait un problème charnière. Les atteintes aux droits de l’homme concernent donc à la fois des pays totalitaires et des pays démocratiques ?
Aucun pays n’est totalement exempt de violations des droits de l’homme. Aucun n’est totalement exempt d’un déficit concernant l’un des trois critères fondamentaux nous permettant de mesurer le comportement d’un pays : des gens sont-ils discriminés, des gens sont-ils malmenés, des gens vivent-ils dans la peur ? Je ne pense pas que quiconque puisse prétendre qu’il y ait de gouvernement parfait.
L’universalité des droits de l’homme est sans cesse remise en cause. Pourquoi les valeurs que vous défendez seraient-elles universelles ?
Si vous acceptez l’idée qu’il existe suffisamment de points...