Libye : le regard sur le général Haftar est en train de changer

18 - Septembre - 2016

Libye : le regard sur le général Haftar est en train de changer

A le voir, on l’imagine mal en chef de guerre, encore moins en général de choc ébranlant les équilibres de la Libye. Khalifa Haftar, 73 ans, passerait plus aisément pour un maître d’école à la retraite, gagné par la nonchalance. Il a le cheveu blanc soigneusement lissé en arrière. Et puis l’on remarque une coquetterie : sa moustache brune, à l’évidence teinte. Et une fierté : la couleur or des étoiles piquant ses épaulettes, qui tranche avec le vert olive de son uniforme sans plis. Il est un général certes. Mais combien sont ceux qui ne l’ont jamais pris au sérieux ? Les diplomates occidentaux ont souvent méprisé ses présomptions de « sauveur » d’opérette, aussi meurtrières qu’inefficaces.

A Washington, Paris, Londres, Rome ou Berlin, à l’heure où l’on concoctait désespérément des plans pour stabiliser une Libye post-Kadhafi en plein chaos, le général Haftar a toujours été vu comme un problème, jamais franchement comme une solution. Les plus généreux le voyaient comme un « désastre ». Et maintenant ? Depuis que les forces de l’Armée nationale libyenne (ANL) qu’il dirige ont enlevé, le 13 septembre, le Croissant pétrolier, la principale plate-forme d’exportation du brut libyen située en Cyrénaïque (Est), le regard est en train de changer sur le général Haftar. Il n’est plus celui qui annonce de fausses victoires, détruisant à l’aveugle sans rien jamais conquérir. Après avoir repris cet été l’essentiel de Benghazi aux « terroristes » (label sous lequel il range tous ses adversaires), le voilà maîtrisant le poumon économique de la Libye où transite la moitié du pétrole exporté. Du coup, c’est l’ensemble du plan des Nations unies sur la Libye, issu d’un accord politique (signé fin 2015 à Skhirat au Maroc) visant à le mettre sur la touche, qui est désormais hypothéqué par les récentes percées du général Haftar.
« Nous avons le même ennemi ! »

Quand on le rencontre en mars 2015 en son repaire de la base aérienne désaffectée de Marj, situé à une soixantaine à l’est de kilomètre de Benghazi, le général dissimule mal son amertume à l’égard de l’Occident. Dehors, cernant la bâtisse jaune pâle où le général a logé son quartier général, des champs de luzerne enrobent des chars russes hors d’usage, des pick-up aux mitrailleuses gainées d’une housse et des caisses de munitions fraîchement livrées. Au journaliste occidental, le général Haftar insiste : « Nous avons le même ennemi ! » Lui qui mène le combat contre les « terroristes » et les « extrémistes », il affiche un étonnement ombrageux face aux réserves et aux critiques qu’inspire son offensive baptisée Karama (Dignité) aux Nations unies comme dans les capitales occidentales.

Autres actualités

15 - Avril - 2019

Le plan de « paix » de Trump attendu sans illusions par les acteurs du conflit israélo-palestinien

Personne ne l’a consulté, mais tout le monde en parle. Malgré des révélations quasi quotidiennes sur l’administration Trump, un sujet est resté...

13 - Avril - 2019

Quatre pays d’Europe acceptent d’accueillir les migrants bloqués depuis dix jours en mer au large de Malte

Les migrants bloqués depuis dix jours en mer sur l’Alan-Kurdi, navire de l’ONG allemande Sea-Eye, vont enfin pouvoir débarquer à Malte. Le premier ministre...

13 - Avril - 2019

La CPI renonce à enquêter sur les crimes de guerre en Afghanistan

Enquêter sur les crimes en Afghanistan ne serait pas dans « l’intérêt de la justice », ont estimé, vendredi 12 avril, les juges de la Cour...

12 - Avril - 2019

Brexit : entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, les nerfs à vif

Les divergences entre la France et l’Allemagne n’ont rien d’exceptionnel. A force de concertations, pourtant, les deux pays réussissent généralement...

12 - Avril - 2019

Les talibans lancent leur offensive de printemps et dialoguent avec Washington et Kaboul

Les talibans ont annoncé, vendredi 12 avril, le lancement de leur offensive annuelle de printemps. Les combats, qui s’étaient déjà intensifiés au cours de...