Macron appelle Nétanyahou à geler la colonisation
Quatre jours après la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, le président français a exhorté son homologue israélien à « des gestes courageux envers les Palestiniens ».
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et Emmanuel Macron lors de leur conférence de presse commune au palais de l’Elysée, le 10 décembre. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS
La discussion en tête-à-tête – une demi-heure, en anglais – qui précéda le déjeuner entre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président français, Emmanuel Macron, dimanche 10 décembre, fut, selon l’Elysée, « très franche ». Un euphémisme diplomatique pour marquer que, de part et d’autre, « on s’est dit clairement les choses », même si, lors de leur conférence de presse commune, les deux dirigeants ont arrondi les angles.
Le contraste n’était pas moins flagrant entre un Nétanyahou manifestement ravi de cette visite à Paris, avant de se rendre lundi à Bruxelles pour rencontrer les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, et un Emmanuel Macron un peu tendu, comme embarrassé par ce déjeuner de travail élyséen qui faisait suite à une invitation lancée en novembre. Il s’agissait alors de discuter de l’accord nucléaire iranien et de la stabilisation du Liban afin d’aider le premier ministre, Saad Hariri, remis en selle grâce aux efforts de Paris.
Mais, après la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël et l’onde de choc qui a suivi, le contexte a changé. Les violences et affrontements ont coûté la vie à quatre Palestiniens et plus de 1 000 autres ont été blessés, selon des sources médicales palestiniennes. D’où la nécessité pour le président français de rappeler haut et fort les fondamentaux de la position française sur le conflit israélo-palestinien, tout en appelant le premier ministre israélien « à faire des gestes courageux pour sortir de l’impasse » les négociations de paix avec les Palestiniens. Mais il a aussi tenu à souligner qu’Israël est « un pays ami avec lequel [nous] avons un dialogue franc et direct ainsi qu’une collaboration étroite ». Cela ne pouvait que réjouir son interlocuteur israélien qui, le matin même, dénonçait, en partant de Tel-Aviv, « l’hypocrisie » et le « double standard » des dirigeants européens. Le président français n’en a pas moins rappelé très clairement que « la seule solution, conformément au droit international et à nos engagements à long terme, est de permettre l’établissement de deux Etats vivant côte à côte en paix, et que cela peut émerger seulement par la négociation ».