Mauritanie : le bilan en demi-teinte des deux quinquennats de Mohamed Ould Abdelaziz

21 - Juin - 2019

Longtemps, personne n’a voulu croire aux promesses de l’ancien putschiste. Il avait beau répéter – et cela depuis plusieurs années déjà – qu’il respecterait la loi, qu’il quitterait la présidence de la République islamique de Mauritanie à l’issue de son deuxième mandat, rien n’y faisait. Une question de confiance rompue, sans doute. L’opposition, évidemment, était convaincue que le tout puissant général – celui qui avait brutalement interrompu le 6 août 2008 la première transition démocratique – piétinerait de nouveau la Constitution.
Et pourtant. Mohamed Ould Abdelaziz, le rigide et cassant militaire, ne sera pas candidat à la présidentielle du 22 juin, après avoir remporté celles de 2009 et de 2014. On pourra inscrire à son bilan – en demi-teinte – qu’il fut, depuis l’indépendance de 1960, le premier chef de l’Etat mauritanien à transmettre le pouvoir à l’issue d’une élection pluraliste, à défaut d’offrir les mêmes chances aux candidats étrangers au pouvoir. Son successeur désigné par le parti dirigeant, Mohamed ould Ghazouani, fait ainsi figure de favori du scrutin face à cinq autres candidats.

Si l’ancien militaire a remisé son uniforme et ses rangers depuis sa première campagne électorale, ses deux mandats resteront marqués d’une forte empreinte sécuritaire qui a permis au pays de ne plus connaître d’attentats depuis 2010, malgré un environnement régional hautement instable. Lorsqu’il prend le pouvoir avec d’autres militaires en 2008, son pays est alors la cible d’opérations menées par des mouvements djihadistes descendus d’Algérie et regroupés depuis peu au sein d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Plafonds de verre communautaires
Assauts contre des militaires, enlèvements d’étrangers, explosions de voitures piégées se succèdent. Parallèlement, des dizaines de Mauritaniens rejoignent les rangs des groupes armés établis au-delà des frontières, ces lignes virtuelles tracées, sur des milliers de kilomètres, dans les dunes d’un désert ouvert, notamment sur le Mali et l’Algérie, et alors franchies par des trafiquants en tous genres.
La première tâche de Mohamed Ould Abdelaziz sera de réorganiser ses forces armées, avec l’aide technique, matérielle et opérationnelle de la France et des Etats-Unis principalement. Le nouveau pouvoir mauritanien consacre ainsi une large part de son budget à son effort de défense nationale. Un effort qu’il maintiendra d’autant plus que le Mali voisin – dont une grande partie du territoire était tombée, en 2012, sous la coupe d’une coalition de groupes touareg indépendantistes et de djihadistes – est toujours aspiré dans une spirale de violence. Mohamed Ould Abdelaziz sécurise ses frontières et se fait également l’un des plus fervents avocats de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad), embryon de force régionale pour lutter contre des périls communs (trafics et extrémisme violent).

Autres actualités

16 - Avril - 2020

En Israël, Benny Gantz échoue à former un gouvernement d’union avec Nétanyahou

Israël marche-t-il en somnambule vers de quatrièmes élections législatives en à peine plus d’un an ? Cette perspective se fait plus concrète, alors...

16 - Avril - 2020

Coronavirus : en Islande, une campagne de tests massive sur la population

L’Islande n’a pas été épargnée par la pandémie de Covid-19. Ce pays insulaire de 364 000 habitants disposant d’une unique porte...

15 - Avril - 2020

En Afrique du Sud, « si les flics te trouvent à boire dehors, tu peux être sûr de prendre une raclée »

Courbée sous le poids des années, la silhouette de Mama Sipiwe arpente lentement les rues de Soweto. Semblable a tant d’autres en quête de victuailles en ces temps de...

15 - Avril - 2020

Devenu le visage de la lutte contre le coronavirus, le ministre de la santé brésilien au bord du limogeage

« Un médecin n’abandonne pas son patient », répétait à l’envi ces dernières semaines Luiz Henrique Mandetta. Pourtant, mercredi 15...

10 - Avril - 2020

Lars Tragardh : « La Suède lutte contre la pandémie due au coronavirus à travers la “liberté sous responsabilité” »

L’historien suédois Lars Tragardh a vécu une quarantaine d’années aux Etats-Unis, où il a enseigné à l’université Columbia,...