Mort de l’ancien dictateur panaméen Manuel Antonio Noriega

30 - Mai - 2017

Mort de l’ancien dictateur panaméen Manuel Antonio Noriega

Hospitalisé depuis mars à la suite d’une tumeur cérébrale, il est mort dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 83 ans, a fait savoir le président du Panama, Juan Carlos Varela.
Agent double des services de renseignement américains et cubains, associé des cartels colombiens de la cocaïne, l’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega est mort dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 mai des suites d’une tumeur cérébrale, a fait savoir le président de la République du Panama, Juan Carlos Varela, sur Twitter. Il était âgé de 83 ans. Symbole des errements de la politique des Etats-Unis dans leur arrière-cour centraméricaine, le général Noriega a été condamné aux Etats-Unis, en France et au Panama.
Né le 11 février 1934 à Guachimango, un quartier pauvre de Panama, d’un père comptable et alcoolique, le jeune Manuel Antonio Noriega voulait être psychiatre. Le manque d’argent pour poursuivre ses études le pousse à s’engager dans l’armée. Il obtient une bourse pour étudier à l’école militaire de Chorrillos, au Pérou, où il décroche un diplôme d’ingénieur. A son retour au Panama, il est intégré à la Garde nationale avec le grade de sous-lieutenant.
Il complète sa formation en 1967 par un cours de renseignement et de contre-espionnage à l’école des Amériques sur la base militaire américaine de Fort Gulick, dans la zone du canal de Panama. C’est alors qu’il est recruté par la CIA, l’agence de renseignement américaine. Cette collaboration se poursuivra jusqu’au milieu des années 1980.
Surnommé « Face d’ananas » en raison de son visage grêlé, Noriega a toujours nié avoir participé au coup d’Etat qui renversa le président Arnulfo Arias en 1968. Commandant militaire de la province du Chiriqui, à l’ouest du pays, il soutient le général Omar Torrijos, le nouvel homme fort du Panama qui le nomme lieutenant-colonel et lui confie le G2, le redouté service de renseignement. Selon l’opposant Hugo Spadafora, que Noriega fait assassiner en 1985, ses relations avec les narcotrafiquants ont commencé à cette époque.
Tensions avec Washington
Après la mort de Torrijos dans un mystérieux accident d’avion en 1981, Noriega devient chef d’état-major puis commandant en chef des forces de défense du Panama. Dès 1983, il est l’homme le plus puissant du pays, nommant et destituant les présidents. En juin 1987, l’ancien chef d’état-major de Noriega, le colonel Roberto Diaz Herrerra, l’accuse de fraude électorale, de narcotrafic et de l’assassinat de Spadafora.
La presse américaine se fait l’écho de ces accusations. « La saga du général panaméen Manuel Antonio Noriega constitue l’un des échecs les plus sérieux de la politique étrangère des Etats-Unis », reconnaît une sous-commission du Sénat américain, qui le qualifie « d’acteur clé du cartel de Medellin ». Noriega est accusé de fournir des informations confidentielles à Cuba et de vendre des armes aux guérillas d’Amérique latine, tout en poursuivant sa collaboration avec la CIA.
L’opposition est violemment réprimée par les « Bataillons de la dignité », une force paramilitaire formée par Noriega. L’annulation de l’élection présidentielle de mai 1989, remportée par l’opposant Guillermo Endara Galimany, aggrave la tension avec Washington. Noriega s’autoproclame « chef de l’exécutif » et déclare « l’état de guerre » avec les Etats-Unis, qui imposent des sanctions économiques au Panama.

Le 3 janvier 1990, Noriega se rend aux troupes américaines. AP
Condamné aux Etats-Unis, en France et au Panama
La mort d’un lieutenant américain, tué par des militaires panaméens, sert de prétexte au président Bush pour ordonner, le 20 décembre 1989, l’invasion du Panama par un corps expéditionnaire de 24 000 soldats. L’opération « Juste cause » fait plusieurs centaines de morts, pour la plupart civils, du côté panaméen et provoque l’exode de plus de 20 000 personnes. Réfugié à la nonciature, Noriega se rend aux troupes américaines le 3 janvier 1990.
Le lendemain, il est envoyé à Miami où il est condamné en 1992 à quarante ans de prison pour trafic de drogue. Converti au christianisme, Noriega est traité en prisonnier de guerre. Sa peine est ramenée à trente ans puis à dix-sept ans pour bonne conduite. Le 26 avril 2010, il est extradé vers la France, qui lui avait décerné la Légion d’honneur en 1987, et où il a été condamné par contumace en 1999 à dix ans de prison pour blanchiment d’argent.
Rejugé en juillet 2010, il est condamné à sept ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris. En décembre 2011, la France accède à la demande du Panama qui réclame l’extradition de son ancien homme fort pour l’assassinat de plusieurs opposants. Il est incarcéré au centre pénitentiaire El Renacer de Panama.

Autres actualités

24 - Octobre - 2018

En Algérie, le président « légal » de l’Assemblée refuse de céder le perchoir

Les députés de la majorité, en conflit ouvert avec Saïd Bouhadja, ont élu Mouad Bouchareb pour le remplacer. En Algérie, l’Assemblée...

23 - Octobre - 2018

Torture et persécution : la face sombre de l’Autorité palestinienne et du Hamas

« Nous allons te dévorer. » C’est la phrase qu’entendit le journaliste Sami As-Sai, en février 2017, peu après son transfert dans les locaux des...

23 - Octobre - 2018

En Iran, les pauvres, premières victimes des sanctions américaines

Il y a deux mois que Fatemeh n’a pas acheté de viande pour ses deux fils. Cet été, pendant un mois, cette femme de ménage de 42 ans du quartier...

22 - Octobre - 2018

Mort de Jamal Khashoggi : l’Allemagne suspend ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite

Condamnant « avec la plus grande fermeté » la mort du journaliste saoudien en Turquie, Angela Merkel a décidé de ne plus autoriser de contrats d’armement...

22 - Octobre - 2018

Décryptage Présidentielle au Cameroun : et à la fin, c’est encore Biya qui gagne

Le président sortant, 85 ans dont près de trente-six au pouvoir, a été reconduit pour un mandat de sept ans avec 71,28 % des suffrages. L’élection...