Non lieu d’Aida Ndiongue La fin d’une traque
Inconditionnelle d’Abdoulaye Wade, l’ancien Président de la République, Aida Ndiongue, estampillée très solvable, a fait face à une traque sans commune mesure sous l’ère Macky Sall.
Elle vient, hier, de bénéficier d’un non-lieu qui a été certainement délivré par la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).
Elle doit émettre un ouf de soulagement car, ce n’est pas aisé du tout compte tenu du mode d’inculpation de la Crei de se défaire de ses griffes. Ce qui est sûr, c’est que la dame l’a échappé belle.
Et ce n’est pas la première poursuite contre elle. Elle a dû faire face, auparavant, à une longue procédure judiciaire dans le cadre de ce qui a été appelé l’Affaire du plan Jaxaay où il a été reproché à Aïda Ndiongue de n’avoir pas honoré ses engagements consistant à livrer des produits phytosanitaires. Débutée en 2013, elle avait gagné en première instance avant de voir le Parquet interjeter appel en juillet 2015, alors qu’elle venait de faire 18 mois en prison avant d’être élargie.
Elle avait écopée d’une condamnation de la Cour d’appel et une autre de la Cour suprême car un pourvoi en cassation avait même été introduit par les deux parties non-satisfaites. Le procureur avait qualifié la décision du tribunal correctionnel ‘‘d’illégale et même de troublante’’.
La Cour suprême déclarant coupable Aïda Ndiongue d’escroquerie portant sur des deniers publics, la condamne à un an d’emprisonnement ferme, à deux millions de F CFA d’amende…et la confiscation de ses biens.
Parallèlement, le 14 janvier 2014, une autre procédure a été ouverte contre elle devant la Crei, cette fois-ci pour enrichissement illicite.
Le procureur Bassirou Guèye qui a tenu une conférence de presse, avait parlé ‘’d’un patrimoine de 47 milliards 675 millions de francs CFA à travers des opérations frauduleuses de ses sociétés, des bijoux de grande valeur, et de fortes sommes d’argent en espèces dans des enveloppes’’
C’est donc la fin d’un long feuilleton judiciaire qui sera sanctionné par la restitution de son patrimoine financier déposé à la Caisse de dépôt de consignation (CDC).
L’ex-Sénatrice libérale a toutes les raisons d’en vouloir au tenant du nouveau régime, ancien compagnon sous Wade, Macky Sall.
Contre toute attente, elle fait dire à son avocat Seydou Diagne qu’elle n’en veut à personne. Elle doit être une Sainte.
En tout cas, coïncidence ou non, les trois milliardaires supposés du Parti démocratique sénégalais (Pds) que sont Aïda Ndiongue, Samuel Sarr et Karim Wade ont tous eu des ennuis judiciaires et pratiquement mis hors d’état de nuire, politiquement s’entend.
Espérons alors que ce ne sera pas la fin de l’aventure politique d’Aïda Ndiongue. Elle qui était si fidèle à Wade pourrait, dans ce pays où tout est ‘’protocole’’, devoir tourner la page de la politique. Si c’est le prix à payer, des sérieux doutes pèseraient sur l’indépendance de la Crei.
Si en effet il s’avère que les juges ont fait leur travail en toute sérénité, cela voudrait dire qu’Aïda Ndiongue aura été, dans l’histoire de la Crei, l’une des rares personnes, sinon la seule, à avoir bénéficier d’un non-lieu.
Car, je me suis toujours demandé, comment une personne traduite devant la Crei pouvait en sortir libre, compte tenu du mode d’inculpation et de la nécessite de prouver l’origine licite de ses biens, franc par franc. Et dire que le don n’est même pas accepté…
Nombre de Sénégalais en seraient formellement incapables. Et vous ?