Philip Hammond : « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour m’assurer que le Parlement bloque un Brexit sans accord »
Il fait partie de la fronde des Conservateurs contre Boris Johnson, le tonitruant candidat à la succession de la première ministre britannique Theresa May, et il quittera son poste dans quelques jours. De passage en France, le chancelier de l’échiquier Philip Hammond explique, dans un entretien au Monde et au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung – le dernier accordé à la presse continentale avant son départ –, sa détermination à tout faire pour empêcher que son pays quitte l’Union européenne (UE) sans accord.
Ursula von der Leyen, la prochaine présidente de la Commission européenne, a proposé de reporter le Brexit après le 31 octobre. Est-ce une bonne idée d’ajourner en permanence celui-ci ?
Pas en permanence, non. Mais en pratique, l’extension du délai est absolument nécessaire. Entre la trêve estivale, l’arrivée de la nouvelle Commission et le changement du gouvernement britannique, il est simplement impossible de négocier quoi que ce soit avant le 31 octobre. Si le prochain gouvernement est sincère dans sa volonté de trouver un accord avec l’Europe, il doit tenter d’obtenir plus de temps. S’il ne le fait pas, le Parlement britannique insistera pour décrocher un nouveau report.
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Favori pour succéder à Theresa May, Boris Johnson se dit prêt à quitter l’UE sans accord. Tenterez-vous de l’en empêcher ?
Je resterai membre de la Chambre des communes. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir depuis ma position pour m’assurer que le Parlement bloque un Brexit sans accord.
Iriez-vous jusqu’à soutenir un vote de défiance contre le premier ministre pour éviter ce scénario ?
Je prendrai des mesures pour éviter une sortie sans accord en dehors d’une approbation parlementaire explicite. Il devrait y avoir une nouvelle et sincère tentative pour atteindre un consensus. Si nous ne trouvons pas de solution avec les députés, nous devrons peut-être demander aux Britanniques de donner à nouveau leur avis, sous une forme ou une autre.
Vous n’excluez donc pas un vote de défiance contre Boris Johnson.
Je ne spécule pas pour le moment.
Comprendriez-vous que les Européens puissent se montrer soulagés lorsque les Britanniques quitteront enfin l’UE ?
Ce serait une erreur ! Mais bien sûr, je peux le comprendre, car certains de mes concitoyens sont délibérément bruyants, vulgaires et irréfléchis. Certains tentent de fatiguer les Européens au point qu’ils nous demandent de partir. Mais s’il vous plaît, n’écoutez pas cette poignée d’individus.