Pour les 154 Burkinabés rapatriés de Libye, « plus question de tenter l’aventure » de l’exil

20 - Avril - 2017

Pour les 154 Burkinabés rapatriés de Libye, « plus question de tenter l’aventure » de l’exil

Ces migrants volontaires pour un retour au Burkina Faso décrivent les sévices dont ils ont été victimes dans les centres de rétention libyens.
« Plus question de tenter à nouveau l’aventure ! » Après quatre ans passés en Libye, Aly Zombra a « tout perdu », et se dit prêt à « construire une nouvelle vie » à Bitou, son village dans la région Centre-Est du Burkina Faso. Il fait partie des cent cinquante-quatre migrants burkinabés arrivés mercredi 19 avril à Ouagadougou, évacués de Libye par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Arrivés à bord d’un vol spécial, ces 147 hommes et 7 femmes ont été accueillis par des responsables du ministère chargé de la solidarité nationale et celui des affaires étrangères. Ils ont été ensuite conduits au Centre d’accueil d’urgence de Somgandé, en périphérie nord de la capitale, où ils seront hébergés avant d’être redirigés dès jeudi vers leur région d’origine, après avoir reçu 32 000 francs CFA chacun (50 euros).
L’opération a été effectuée dans le cadre du programme d’Aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) qui vise à « donner la possibilité aux migrants qui ne peuvent plus ou ne veulent plus rester dans le pays où ils sont de rentrer volontairement dans leur pays d’origine », explique le chef du bureau de l’OIM-Burkina, Abdel Rahmane Diop. « Tous ces migrants vivaient en Libye. Pour diverses raisons, notamment liées à l’insécurité, ils ont décidé de rentrer. »
« On nous prend comme des animaux »
Détenus pour la majorité dans des centres de rétention, ces rapatriés décrivent des « conditions de vie difficile ». Comme Lamine Bagagné, un jeune homme de 26 ans au visage émacié, dit avoir subi un « traitement de cruauté » durant les dix-huit mois qu’il a passés en Libye. « On nous maltraite, on nous prend comme des animaux. On nous vend comme des habits. Chaque jour on te frappe et tu n’as droit qu’à un seul repas », affirme pour sa part Mohamed Ouattara, un jeune de 18 ans qui porte toujours les séquelles de ces sévices. « J’ai été arrêté après avoir séjourné un mois en Libye. Le reste du temps, j’ai été battu, maltraité et humilié. C’était le cas pour les autres détenus à la peau noire. »
L’OIM mettra à la disposition de chaque bénéficiaire 655 000 francs CFA (1 000 euros) pour commencer une activité génératrice de revenus. « Tous ces migrants, majoritairement des jeunes originaires de la région du Centre-Est, sont partis pour des raisons essentiellement économiques, donc l’idée est d’offrir des alternatives réelles à cette migration irrégulière », précise M. Abdel Rahmane Diop.
Depuis 2015, des migrants burkinabés coincés en Libye sont régulièrement rapatriés par l’OIM. Mille trois cent cinquante volontaires au rapatriement ont déjà été assistés par l’organisation internationale. Selon l’organisation, il resterait au moins un millier de migrants burkinabés en Libye.

Autres actualités

19 - Septembre - 2018

Taxes douanières : les firmes américaines en Chine accusent le coup

L’escalade dans la bataille commerciale qui oppose Washington à Pékin inquiète les entreprises implantées dans l’ex-empire du Milieu. La Chine avait...

18 - Septembre - 2018

Coopération et dénucléarisation au programme du sommet intercoréen de Pyongyang

L’accolade fut longue et chaleureuse. Sous un ciel légèrement obscurci, mais laissant entrevoir un bleu rappelant celui du drapeau de la Corée unifiée, le...

18 - Septembre - 2018

Proche-Orient : vingt-cinq ans de rendez-vous manqués

Il y a vingt-cinq ans, un vent d’optimisme soufflait sur la Maison Blanche. En ce 13 septembre 1993, Bill Clinton, bras écartés, saluait la poignée de main entre le...

17 - Septembre - 2018

Addis-Abeba et Asmara signent en Arabie saoudite un accord consolidant leur réconciliation

L’Ethiopie et l’Erythrée ont signé dimanche 16 septembre en Arabie saoudite un accord consolidant leur réconciliation et renforçant « la...

17 - Septembre - 2018

« L’opinion publique chinoise n’a que faire des visées géostratégiques de Pékin en Afrique »

Les largesses de la Chine, qui promet 60 milliards de dollars au continent, sont mal acceptées par les citoyens chinois, analyse notre chroniqueur. « Et nous ? » semble...