Qui veut intimider la Russie ?
Depuis trois semaines, une étrange vague de fausses alertes à la bombe a provoqué des milliers d’évacuations dans tout le pays.
Evacuation d’un centre commercial après une alerte à la bombe, à Saint-Pétersbourg en Russie, le 14 septembre.
Soudain, des employés sortent des bureaux en dehors des heures de pointe. Des écoliers rentrent chez eux avant la fin des cours. Des centres commerciaux se vident. De Moscou à Tomsk, en Sibérie, de Vladivostok, en Extrême-Orient, à Kaliningrad, l’enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie, la même scène se répète : en pleine journée, des centaines de Russes sont contraints de quitter les lieux où ils se trouvent.
En trois semaines, 100 villes ont été touchées par des alertes à la bombe selon le dernier bilan en date relevé le 30 septembre par l’agence Ria Novosti, soit plus de 540 000 personnes évacuées dans 1 200 bâtiments.
Et puis, rien. Lundi 2 octobre, le scénario s’est certes reproduit à Nijni-Novgorod, la cinquième ville du pays, nichée sur les bords de la Volga, où 26 écoles ont été évacuées d’un coup, ainsi que le Kremlin local, l’antique forteresse qui abrite aujourd’hui les bureaux du gouverneur, la gare, et cinq centres commerciaux.
Ekaterinbourg a beau avoir subi sa quatrième alerte dans « 72 lieux, dont 28 écoles et 2 maternelles », comme l’a écrit sur son compte Twitter le maire, Evgueni Roïzman, le 29 septembre, en dehors de quelques données statistiques laconiques, aucune information ne perce le mur d’opacité qui entoure ces événements.
Même mode opératoire
« Je peux vous dire avec certitude qu’il ne s’agit pas d’entraînement », assurait pourtant dès les premiers jours Iouri Chvitkine, vice-président de la Commission de la défense à la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, qui évaluait alors déjà à plus d’« un milliard de roubles » (14,5 millions d’euros) le coût des opérations de secours. Contacté de nouveau par Le Monde, le député a répondu ne pas avoir « plus d’informations pour le moment ».
L’épidémie a commencé le 11 septembre. La veille au soir, déjà, un premier appel téléphonique avait mis en alerte les services de sécurité...