Rama Yade : « Seule l’Afrique, avec sa jeunesse en perpétuel mouvement, apparaît en capacité de penser la destinée collective de l’humanité »

06 - Avril - 2020

Pour l’ancienne secrétaire d’Etat, l’Afrique peut présenter dès maintenant un agenda de rupture pour relancer le multilatéralisme. Ce continent dispose de l’expérience et de la légitimité nécessaires. Rama Yade propose un programme en cinq points.

La pandémie de Covid-19 ne bouleverse pas seulement des certitudes technologiques, des modes de vie et un ordre géopolitique. C’est l’idée même qu’on se fait de la trajectoire du progrès humain qui est ébranlée. Si, aujourd’hui, beaucoup laissent entendre que plus rien ne sera comme avant, rien n’est moins sûr. La crise financière de 2008 est là pour le rappeler. Il faudra de la détermination pour changer la donne. Pourquoi pas à partir de l’Afrique ?

Malgré les défaillances de ses structures sanitaires aggravées par les politiques d’ajustement structurel qui lui ont été imposées depuis les années 1980, l’Afrique dispose d’atouts (contamination plus tardive, expériences de pathologies plus sévères, jeunesse de sa population…).

Surtout, alors que, depuis plusieurs années, l’Europe et les Etats-Unis ont fait le choix de se protéger des migrations derrière des frontières militarisées, s’interdisant de facto de penser la destinée collective de l’humanité, seule l’Afrique, avec sa jeunesse en perpétuel mouvement, apparaît en capacité d’envisager ce commun. Tel n’est pas le moindre des paradoxes que de voir les pays riches, initiateurs de la mondialisation, la refuser lorsqu’il s’agit de la circulation des hommes, à moins que ceux-ci ne soient leurs propres ressortissants, dès lors pourvus de la capacité d’aller où bon leur semble et même d’y importer le coronavirus !
Lire aussi En Afrique, promesses et mirages du numérique

Cette attitude a déjà gravement affaibli la gouvernance mondiale à travers le dépérissement progressif du multilatéralisme qui ne connaît de dynamique qu’en Afrique (renforcement de l’Union africaine, lancement de la monnaie « éco » et surtout, création de la plus grande zone de libre-échange au monde, la zone de libre-échange continentale africaine).
De nouveaux schémas de pensée

Au moment où le Covid-19, entre hôpitaux débordés et vols de masques entre pays riches, provoque des comportements paniqués avec d’incalculables conséquences politiques à venir, et où les prétentions dominatrices de la Chine inquiètent plus qu’ils ne rassurent, il revient à l’Afrique de prendre l’initiative politique en proposant une feuille de route à la communauté internationale, plutôt que de l’attendre. Après tout, cela fait maintenant quinze ans qu’elle connaît une impulsion prometteuse, six des économies africaines ayant réussi en 2018 à se hisser parmi les dix plus dynamiques au monde, selon la banque mondiale.

Autres actualités

27 - Avril - 2020

Coronavirus : au Maroc, les ouvriers paient un lourd tribut

Des hurlements, des larmes, un mélange de colère et de désespoir… Regroupées face à leur usine, dans la zone industrielle d’Ain Sebaa, en...

24 - Avril - 2020

En Autriche, des masques distribués à l’entrée des supermarchés

Dans tous les supermarchés autrichiens, la même scène se répète depuis le 6 avril. A l’entrée, un employé accueille les clients avec un...

24 - Avril - 2020

En Inde, un Etat marxiste se heurte au pouvoir central dans la lutte contre le virus

Entrée mercredi 22 avril dans sa cinquième semaine de confinement, l’Inde avance à tâtons face au coronavirus. Le géant d’Asie du Sud, en...

23 - Avril - 2020

En Hongrie, la méthode très militaire de Viktor Orban face au coronavirus

Face au Covid-19, Viktor Orban a pris pour habitude d’organiser des visites surprises dans les hôpitaux hongrois et d’en diffuser les images sur Facebook. Cela...

23 - Avril - 2020

Coronavirus : Angela Merkel renforcée dans une Europe affaiblie

Plus personne ne s’en souvient tant cela paraît loin, mais, il y a quelques semaines, cette fin du mois d’avril devait être un moment douloureux pour Angela Merkel....