Réconcialiation Tanor-Khalifa: les sages du PS ont manqué de sagesse
Réconcialiation Tanor-Khalifa: les sages du PS ont manqué de sagesse
La situation est délétère au Parti socialiste (Ps), c’est le moins que l’on puisse dire. C’est pourquoi, les sages du parti ont pris leur bâton de pèlerin pour apporter la paix dans la maison verte, en proie au feu de la division et à une guerre sous-jacente entre dinosaures et qui se traduit par des poursuites judiciaires tous azimuts. C’est très sénégalais, pour ne pas dire africain. En général, les personnes âgées jouissent, dans les instances et familles, d’une considération qui les met au-dessus de la mêlée et fait d’eux, derechef, des médiateurs capables de résoudre les crises les plus ardues.
Malheureusement, les sages du Ps ont mis trop de temps à agir. Attendre que les contradictions internes se soient cristallisées, que les positions se soient figées, que les deux camps adverses aient versé dans une animosité abyssale pour intervenir, n’a pas été une position sage.
Les sages ont ainsi certainement manqué de sagesse. Cela n’a pas été sage de laisser ainsi pourrir la situation. Personne n’a jamais compris pourquoi des personnalités de la trempe de Mansour Mbaye, Abdoulaye Elimane Kane, Abdou Diouf, pour ne citer que les plus médiatiques, ont brillé par leur attentisme.
Le président Diouf a laissé tomber un parti qui lui a tout donné. C’est un choix personnel qu’il faut respecter. Mais cela n’est pas étranger à ce qui se passe. Le parti a manqué d’idéologue de la trempe de Senghor, qui légué le parti à un technocrate en la personne de Diouf qui a fait de même en passant les rênes à un autre technocrate, Tanor.
En lieu et place de l’idéologie, on a préféré la stratégie et les tactiques. Il s’agit de se positionner pour obvier à un autre manque : l’argent. Eh oui, tout indique que le long séjour dans l’opposition a eu raison de la caisse du parti dont l’héritier n’a jamais parlé.
Il a eu alors peur des élections pour lesquelles il faut beaucoup de milliards. Tout le contraire de Khalifa que ses responsabilités à la Mairie de Dakar semblent avoir mis à l’abri du besoin. Alors les priorités entre les deux hommes se sont dissociées. Et à travers eux, leurs partisans.
On a laissé pro-Tanor et pro-Khalifa se livrer alors une bataille dure qui a abouti à une situation de non-retour : Tanor ne va jamais les rejoindre dans leur velléité de se positionner contre Macky ou Benno Bokk Yakaar. Et du côté de Khalifa, Aïssata Tall Sall, Bamba Fall et autres, il y aura une liste Ps aux législatives et un candidat à la présidentielle de 2019.
Là-dessus, point de réconciliation possible. Ce que les sages peuvent faire pour le moment, c’est d’éviter de transformer cette divergence politique en batailles judiciaires, dans les salles des tribunaux. Car, tout le monde est conscient du fait que les affaires Bathélémy Dias, Bamba Fall et les enquêtes sur les gestions de Khalifa Sall, sont des conséquences directes de ce bras de fer.
Malheureusement pour ces sages, leur mission est vouée à l’échec. Déjà l’attitude de Tanor qui n’a pas déféré à leur convocation, préférant s’occuper de ses affaires sur le Hcct, aurait été compréhensible si un minimum d’effort avait été fait pour les informations de son indisponibilité. Si rien n’a été fait à ce niveau, cela voudra dire qu’il est peu disposé à les écouter. Pour qui connait Tanor, il ne badine pas sur le respect du protocole s’agissant des obligations qui pèsent sur lui relativement au respect des procédures de réunion et autre. C’est donc fait à dessein.
Du côté de Khalifa, il sera difficile, pour cette mission, de l’écouter pour le pousser à une quelconque réconciliation. Certes, comme on le dit chez nous, les sages ont fait leur devoir, mais il nous semble qu’ils ont laissé trop pourrir une situation qui dure depuis trop longtemps pour être résolue par le dialogue. D’autant plus que chaque camp campe sur non seulement des positions, mais aussi des avantages liés à cela. Comme Djibô Kâ, Moustapha Niasse, Robert Sagna et bien d’autres, Khalifa devra se résoudre à créer son parti.