Rentrée parlementaire sous haute surveillance au Bénin
La fête, qui aurait dû être si belle, avait pour eux un arrière-goût amer – eux ces quarante nouveaux députés qui siégeaient, jeudi 16 mai, pour la première fois au Parlement du Bénin, dans leurs plus beaux habits, l’écharpe en bandoulière.
Il ne s’agissait là que d’une prérentrée, technique, entre soi, dans la capitale administrative Porto Novo. Mais dans un pays précurseur de la démocratie en Afrique au début des années 1990, c’est un jour qui compte dans une vie. Sauf que la présence, inédite en la circonstance, de centaines de policiers harnachés, de paracommandos ou autres bérets verts de la garde présidentielle, positionnés jusqu’à l’entrée de la chambre, leur rappelait qu’ils ont été élus, le 28 avril, à l’issue d’un scrutin anormal, sans l’opposition et suivi de violences meurtrières. Une première depuis 1991.
Au moins, la journée fut calme à Porto Novo, comme dans la capitale économique Cotonou. Ce ne fut pas le cas les 1er et 2 mai, lorsque la rumeur de l’arrestation à son domicile de l’ancien président Boni Yayi (2006-2016), engagé personnellement dans une lutte sans merci avec son successeur Patrice Talon, avait échauffé les partisans du premier. Ce à quoi des membres des forces de sécurité avaient répondu sans discernement en tirant dans la foule.